Nori, wakamé, laitue de mer ou kombu… Après avoir été découvertes dans les restaurants japonais où elles sont notamment servies sous forme de makis, les algues ont peu à peu envahi les tables des chefs, qui les utilisent dans des plats d’inspiration asiatique ou pour revisiter des classiques de la gastronomie. Elles ont aussi désormais une place de choix dans les magasins bio, où elles sont vendues fraîches, séchées, ainsi que sous forme de compléments alimentaires.
Dysfonctionnements de la thyroïde, maladies cardiaques et rénales
Louées pour leur haute teneur en antioxydants, en vitamines C et E et en fibres, les algues doivent pourtant être consommées avec modération. Dans un avis publié mardi 7 août, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) met en garde les consommateurs qui pourraient être tentés de les manger en grande quantité. Ils pourraient alors s’exposer à un risque de surconsommation d’iode.
"La teneur en iode dans les différents produits à base d’algues pouvant être élevée, leur consommation présente un risque non négligeable de dépassement des limites supérieures de sécurité, et en particulier, en cas de consommation d’algues associée à des compléments alimentaires à base d’algues", prévient l'Anses, qui "recommande aux consommateurs réguliers de rester vigilants".
Un apport excessif et régulier en iode peut en effet occasionner des problèmes de santé tels que des dysfonctionnements de la thyroïde, des maladies cardiaques ou une insuffisance rénale. L’Anses déconseille particulièrement "la consommation d’aliments et de compléments alimentaires contenant des algues" à trois profils : les personnes présentant un dysfonctionnement thyroïdien, une maladie cardiaque ou une insuffisance rénale ; les personnes suivant un traitement par un médicament contenant de l’iode ou du lithium ; les femmes enceintes ou allaitantes, hors avis médical.
L’agence sanitaire rappelle aussi aux personnes présentant une déficience en iode "qu’il n’est pas pertinent de consommer des produits contenant des algues dans le but de corriger cette déficience".
Pas plus de 600 microgrammes d’iode par jour
Dans son rapport, l’Anses met particulièrement en garde contre la consommation de certaines algues réputées pour leur haute teneur en iode : les algues brunes laminaires Laminaria spp et Saccharina spp, ainsi que l’algue rouge Gracilaria verruqueuse. Comme l’explique au Parisien Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation des risques nutritifs de l’Anses, "leur teneur en iode varie énormément en fonction des conditions de production ou même du type de préparation".
Le problème, c’est que les quantités d’iode sont rarement indiquées, même sur les boîtes de compléments alimentaires. "Ce qu’il faut éviter, c’est de cumuler une consommation d’algues avec des compléments alimentaires iodés ou bien des médicaments qui contiennent de l’iode", conseille Irène Margaritis. Mieux vaut donc se référer aux recommandations établies par l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments), qui établit à 600 µg par jour pour l’adulte la consommation d’iode. La réglementation française a fixé pour sa part la dose journalière maximale d’iode à 150 µg dans les compléments alimentaires.
Pas d’inquiétude, toutefois, si vous consommez régulièrement de la spiruline sèche, fraîche ou sous forme de complément alimentaire puisque cette microalgue ne contient presque pas d’iode.