Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la noyade sèche (ou noyade retardée) survient hors de l'eau. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) la définit "comme la mort par suffocation suite à une immersion dans l'eau". Plus précisément, il s'agit d'une insuffisance respiratoire due à une immersion récente dans un liquide. Si une personne a failli se noyer, ou bu la tasse, cela peut lui être fatale quelques heures, voire quelques jours après la baignade (jusqu’à 72 heures plus tard).
L'OMS a identifié deux types de noyade : sèche et humide. "Dans la noyade humide, la personne a inhalé de l'eau qui interfère avec la respiration et cause le collapsus du système circulatoire. Dans les cas moins fréquents de noyade sèche, le conduit aérien se ferme du fait des spasmes causés par la présence d'eau. La quasi-noyade peut provoquer une atteinte neurologique et le succès du rétablissement dépend de la rapidité du sauvetage et de la réanimation".
En juin 2017, un enfant de 4 ans est décédé des suites d'une baignade sèche au Texas, aux Etats-Unis. "Soudainement, il s'est réveillé. Il a crié. Il a pris son dernier souffle et je n'ai plus su quoi faire", racontait son père au site d'information Eyewitness News. Ce type d'accident représente 2% des noyades et ne touche quasiment que des enfants. Savoir reconnaître les signes d'une baignade sèche est primordial, car une intervention médicale en urgence peut sauver des vies.
Savoir reconnaître les symptômes
Les premiers signes d'une baignade sèche se manifestent lorsque la personne tousse et peine à respirer (respiration sifflante). Les symptômes sont alors similaires à ceux d'une crise d'asthme. Des maux de ventre, de la fièvre, le teint gris ou une somnolence prononcée peuvent également alerter. "Quand l’eau entre dans les poumons, décrit la docteure Huet, ils peuvent se remplir de sang car l’eau abîme le surfactant (substance qui recouvre les alvéoles pulmonaires, NDLR) qui sépare normalement air et sang", explique à 20 Minutes la docteure Gwënaelle Huet, médecin généraliste à Perros-Guirrec. "Si la personne a juste bu la tasse et bien toussé et qu’il n’y a pas d’autres symptômes, il n’y a pas besoin de s’inquiéter. S’il y a eu une noyade, il faut appeler le 15 et écouter leurs conseils".
Attention cependant à ne pas dramatiser. Il n'est pas dit que chaque personne qui boit la tasse souffre automatiquement par la suite d'une insuffisante respiratoire. En revanche, si elle présente les symptômes cités plus haut, il faut consulter un médecin en urgence et bien spécifier ce qui s'est passer dans l'eau. En cas d'insuffisance respiratoire, elle sera placée sous oxygène.
"Chez les enfants, une défaillance de la surveillance des adultes est la cause individuelle de noyade la plus importante", rappelle l'OMS. Quelques précautions simples suffisent pourtant à réduire les risques. Il est ainsi conseillé de :
- toujours rester à proximité de ses enfants lorsqu’ils jouent au bord de l’eau ou dans l’eau ;
- se baigner avec eux, pour pouvoir intervenir immédiatement au besoin ;
- désigner un seul adulte responsable de la surveillance, afin d’éviter les incompréhensions ou les pertes d’attention.
Quand les enfants ne savent pas nager, il est possible de les équiper de brassards dès qu’ils sont à proximité de l’eau. En revanche, les bouées ou autres objets flottants (bateau pneumatique, matelas) sont inefficaces. Il est aussi conseillé d’apprendre à nager à son enfant dès que possible : dès 4 ou 5 ans s’il en a les capacités physiques et l’envie, à partir de 6 ans dans le cas général.
Vigilance avec les piscines privées
La noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les mineurs de 15 ans. D’après une enquête publiée début juillet par Santé publique France, on dénombre 67 noyades accidentelles chez des enfants de moins de 6 ans depuis que l’été 2018 a commencé, dont six se sont soldées par un décès. Les deux-tiers de ces accidents ont eu lieu dans une piscine privée.
La loi prévoit ainsi que les piscines privées doivent être équipées de protection, pour éviter que les enfants n’y tombent par erreur : barrières (la meilleure solution), abris de piscine ou couverture. Des alarmes sonores peuvent aussi informer en cas de chute, mais n’empêchent pas la noyade. Dans tous les cas, la surveillance reste le meilleur moyen de prévention.