Hier, à la veille de l’ouverture du festival de Cannes, les projecteurs n’étaient pas braqués sur les stars de la Croisette mais sur l’une de ses plus éminentes ambassadrices. Dans le New York Times, Angelina Jolie révélait qu’elle avait subi une ablation des deux seins à titre préventif. L’actrice est porteuse d’un gène de prédisposition à un cancer du sein. La presse internationale, la toile, se sont fait largement l’écho de ces déclarations, saluant au passage le courage de la comédienne. Comment, en effet, ne pas saluer l’initiative d’une actrice qui décide de chiffonner son image d’icône de la beauté.
Dans cette partition jouée à l’unisson par les medias, seule fausse note de la part de Christine Boutin. Pour paraphraser le tweet de la présidente du Parti Chrétien-Démocrate, ce nouveau dérapage est « triste à pleurer ».
Mais après cet emballement médiatique, que reste-t-il ? Les confessions des stars sur leurs maladies sont-elles utiles à la santé publique et la prévention ? Dans son interview, Angelina Jolie explique qu’elle a voulu attirer l’attention de l’opinion sur le fait que le test permettant d’identifier le gène BRCA1 était coûteux et que, de fait, de nombreuses Américaines n’y ont pas accès. Interrogée par pourquoidocteur, le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service génétique oncologique à l'Institut Curie, rappelait que 120 000 Françaises porteuses de ce gène défectueux s'ignorent.
Ces déclarations peuvent donc amener à une prise de conscience et inciter les femmes concernées à consulter leur médecin. Par le passé, d’autres personnalités ont permis de poser un regard différent sur la maladie : Annie Girardot, par exemple, qui a raconté son combat contre la maladie d’Alzheimer. « Et depuis que Francis Perrin et son épouse ont parlé de l’autisme de leur fils aîné, rappelle le Parisien, le grand public pose certainement un regard différent sur le handicap ».
Pour que le coup d’éclat d’Angelina Jolie fasse œuvre utile, encore faut-il que les relais d’opinion le remettent en perspective. Pas question d'affoler l'opinion ou d'inciter les femmes concernées à réclamer illico une intervention chirurgicale. Car, si les Etats-Unis privilégient la méthode radicale de la mastectomie, les médecins français optent pour une surveillance active et l’ablation des seins est le dernier recours. Résultat, 5 % des femmes subissent une mastectomie. C’est ce message qui a été largement développé hier et aujourd’hui dans la presse. Il est à la hauteur de l’initiative d’Angelina Jolie.