Un médecin généraliste, homéopathe et acupuncteur français exilé en Suisse, propose des traitements homéopathiques d’un genre un peu particulier : non seulement pour soigner les poussées dentaires ou les piqûres d’insecte… mais aussi pour "traiter" l’homosexualité. Cette pratique discriminante, qui assimile l’homosexualité à un "mal" qu’il faut soigner, a été repérée par le site FranceInfo. Sur son site Internet Médecine Intégrée, portail des médecines alternatives où il propose des cours à distance et télémédecine, le médecin dispense conseils et recommandations en homéopathie pour à peu près toutes les pathologies et tout ce qu’il considère donc comme des troubles.
Parmi eux, donc, l’homosexualité, qu’il décrit ainsi : "L'homosexualité n'est pas une pathologie, mais un symptôme particulier (choix de vie) de patients 'border-line' (personnalités intéressantes par ailleurs). Il se trouve que la matière médicale homéopathique comporte des remèdes agissant sur l'exacerbation de ces symptômes". Ce n’est pas le seul "problème" que se propose de traiter le médecin homéopathe. En se promenant sur son site, on découvre des traitements homéopathiques contre l’hystérie, la nymphomanie, l’exhibitionnisme ou la masturbation, ainsi que des recommandations de granules pour lutter contre le "don juanisme", les "problématiques de domination et de séduction" ou encore destiné aux filles "dominatrices et jalouses".
"Nier son identité sexuelle, c'est nier qui on est"
Pour Joël Deumier, président de l’association SOS Homophobie, les propos tenus sur le site de ce médecin perpétuent les stéréotypes autour de l’homosexualité car ils nourrissent l’idée qu’il s’agit d’une maladie que l’on peut soigner.
Ce sont selon Joël Deumier des propos dangereux, qu’il est nécessaire de combattre pour en finir avec l’homophobie, mais aussi pour protéger les personnes les plus fragiles. "Si un jeune pense que son homosexualité relève de la pathologie, il risque de s'isoler. Nier son identité sexuelle, c'est nier qui on est. Cela peut conduire à l'échec scolaire par exemple, ou pire, au suicide. Rappelons que le taux de suicide chez les jeunes LGBT est trois à sept fois plus élevé que dans le reste de la population", affirme le président de SOS Homophobie.
Sur Internet, le lien fait entre homosexualité et pathologie n’a pas manqué de scandaliser les internautes.
L’homosexualité, une maladie? Un médecin français, exilé en Suisse, propose de soigner l'homosexualité par l'homéopathie. "L’homosexualité est un symptôme particulier de patients “border-line”. Quand la connerie humaine touche aussi certains praticiens #homophobie pic.twitter.com/dTR8yFHhOU
— GAILLARD MARC (@FORCENIORTAISE) 13 août 2018
Pour la connerie ça fonctionne aussi ? "Quand un médecin propose de "traiter" l'homosexualité par l'homéopathie" : https://t.co/MJ8Lr7Jm70
— Marc Thébault (@marcthebault) 13 août 2018
Juste sur le cul ???? #homosexualité #Medecine#homeopathie https://t.co/j8DUQ7bW1u
— Frédéric Pontoizeau-Bouchet (@pontoif) 13 août 2018
La question de la déontologie
Le site Médecine Intégrée est d’ailleurs loin d’être le seul à faire ce rapprochement douteux. Sur Twitter, certains en ont ainsi interpellé le Syndicat national des Homéopathe français pour leur signifier les questions déontologiques que ce genre de "remèdes" soulevait.
Bonjour @medecins_homeo,
— Je Suis Big Pharma (@JeSuisBigPharma) 1 août 2018
Je ne comprends pas très bien le traitement. Votre confrère français, homéopathe et acupuncteur, vivant en Suisse ne précise pas la souche homéopathique à utiliser. Vous pouvez nous éclairer ? Des études disponibles?https://t.co/BUsZWcfF4X
Toujours moi @medecins_homeo. Malheureusement, je n'étais pas à la conférence de ce confrère (un membre de votre syndicat peut être?). Pourriez vous m'expliquer le rapport entre la souche Indium metallicum et l'homosexualité ? J'aimerai m'instruirehttps://t.co/O1ZpTmfFv7
— Je Suis Big Pharma (@JeSuisBigPharma) 1 août 2018
Contacté par Allodocteurs, le Dr Charles Bentz, président du syndicat national des médecins homéopathes, a fermement condamné cette rhétorique. "Ce n'est pas parce qu'on est médecin, qu'on ne raconte pas d'inepties. C'est complètement délirant, l'homosexualité n’a jamais été une maladie !", a-t-il déclaré.