« La bonne contraception, pour la bonne personne, au bon moment ». Voilà la méthode proposée par Marisol Touraine ce mercredi 15 mai à l'occasion du lancement de la nouvelle campagne sur la contraception. Initiée par le ministère de la Santé, et à destination du grand public et des professionnels de santé, elle portera pour nom « la contraception qui vous convient existe ». Son but, promouvoir la diversité de l’offre contraceptive et rappeler l’importance d’une contraception en adéquation avec son mode de vie, sa situation affective et médicale.
En effet, malgré un taux de contraception élevé en France, il subsiste un nombre important de grossesses « non prévues ». Un tiers de ces grossesses est dû à l’absence de contraception tandis que les deux autres tiers surviennent sous contraception. Tout d'abord parce qu'il existe en France une « norme contraceptive » souligne Marisol Touraine. « Elle se traduit par un recours au préservatif en début de vie sexuelle, à l’utilisation de la pilule dès que la vie sexuelle se régularise et au recours au dispositif intra-utérin (DIU) comme alternative à la pilule à partir de 30 à 35 ans, une fois que les femmes ont eu les enfants qu’elles désiraient,» précise la ministre. Le manque d’information sur les autres possibilités de contraception et cette norme sociale guident souvent le choix et n’aident pas à identifier la méthode la plus adaptée à ses besoins. Par ailleurs, les Françaises et leurs médecins ont toujours tendance à opter pour le « tout pilule », (45% des femmes sous contraception), un « problème culturel », sur lequel Marisol Touraine revient.
Ecoutez Marisol Touraine, ministre de la Santé: « Il y a en France un choix privilégié pour la pilule, il est ancien et culturel. Pourtant, même si elle reste un bon moyen de contraception, il faut expliquer aux femmes qu'il existe d'autres modes de contraception, peut-être mieux adaptés à leur vie et à leur organisation quotidienne ».
Ce recours quasi-exclusif à la pilule serait lié à de nombreux freins. Par exemple, du côté des usagers, certains obstacles peuvent être associés à l’existence d’idées reçues, telles que la pilule fait grossir, ou le DIU rend stérile. La Haute Autorité de Santé (HAS) a également identifié une réticence des patients à aborder des questions qui relèvent de l’intime, et des difficultés d’accès à certains professionnels de santé du fait des contraintes économiques (restes à charges). Chez les professionnels de santé, la HAS note un manque d’actualisation des connaissances sur les méthodes de contraception. Un obstacle majeur que Jean-Luc Harousseau, président de la Haute Autorité de Santé nous décrit.
Ecoutez le Pr Jean-Luc Harousseau, président de la Haute Autorité de Santé: « Les médecins qui n'ont pas de formation régulière sont peu au courant des nouveaux dispositifs type implants, anneaux, ou patchs. Beaucoup surestiment les risques infectieux liés aux stérilets.»
Pour tenter de rémédier à ce problème dénoncé depuis des années, la HAS s’est intéressée aux moyens d’agir. Elle met aujourd’hui à la disposition des pouvoirs publics et des professionnels de santé des outils pour répondre aux besoins des femmes. La Haute Autorité propose ainsi une synthèse des principales préconisations des institutions. Parmi elles, une meilleure information du grand public pour mettre fin aux idées reçues sur la contraception et la vie sexuelle. Autre souhait de la HAS, celui de mieux préparer les professionnels de santé à leur rôle de conseil et d’accompagnement en matière de contraception. Ainsi, afin d’actualiser leurs connaissances, la HAS publie des fiches mémo par situation clinique. Ces fiches aideront les médecins à trouver avec la personne la contraception la plus adaptée à ses besoins et à sa situation clinique.
Parallèlement à ces outils, une campagne conçue par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé est également prévue. Elle sera animée par des spots radios (18 mai au 9 juin) et des bannières web (23 mai-12 juin). Enfin, un site d'information (www.choisir sacontraception.fr) permet déjà de s'informer sur les avantages et inconvénients des méthodes de telle ou telle contraception.