L’hypertension artérielle reste un fléau global, source de nombreuses complications cardiovasculaires et neurologiques, tant dans les pays riches que dans le reste du monde.
Dans un essai clinique mené par des chercheurs du George Institute for Global Health, et publié dans le JAMA, la plus grande efficacité et l'innocuité d'une "polypill" (ou "pilule triple"), associant de faibles doses de trois médicaments peu coûteux (car génériqués), est démontrée dans le traitement de l'hypertension artérielle. Les trois médicaments sont : le telmisartan (20 milligrammes), l'amlodipine (2,5 milligrammes) et la chlorthalidone (12,5 milligrammes).
Un essai "polypill" versus traitement habituel
70% des personnes prenant la "polypill" ont atteint l’objectif recommandé de pression artérielle, contre un peu plus de 50% de celles qui ont continué à suivre leur traitement conventionnel contre l'hypertension.
Contrairement au traitement choisi par le médecin, la pilule combinée est capable d'abaisser leur pression artérielle pour atteindre 140/90 mm Hg ou moins. La cible pour les personnes atteintes de diabète ou de maladie rénale est de 130/80 mm Hg, chiffres que de nombreuses personnes prenant la "polypill" ont pu atteindre. La tolérance a été aussi bonne sans augmentation des taux d’abandon de traitement.
L'essai clinique testant l'efficacité et la sécurité de la "polypill" a inclus 700 personnes âgées en moyenne de 56 ans et dont la pression artérielle moyenne était de 154/90 mm Hg. Les participants ont été tirés au sort pour recevoir, soit la pilule combinée, soit leur traitement antihypertenseur habituel.
Un changement probable de stratégie
Normalement, les personnes souffrant d'hypertension artérielle commencent par prendre un seul médicament contre l'hypertension à faible dose, choisi en fonction de leur profil de risque. Mais ils doivent ensuite retourner plusieurs fois chez leur médecin pour le plus souvent augmenter les doses, voire associer d’autres médicaments antihypertenseurs.
Cette démarche est longue, compliquée et coûteuse, et le fait de donner initialement un seul médicament à forte dose entraîne non seulement plus de risque d’effets secondaires, mais déclenche au bout d’un certain temps une réaction de l’organisme à ce médicament qui en atténue l’efficacité. C’est ce que l’on appelle le phénomène des "contre-régulations", et cela oblige les médecins à ajouter d’autres anti-hypertenseurs avec un mécanisme d’action visant à limiter ces réactions qui réduisent l’efficacité du traitement.
Une application pour les hypertendus du monde entier
Selon la co-auteure de l'étude, la docteure Ruth Webster : "Le problème de cette approche" [par étape] est que "ce n'est pas seulement inefficace, c'est aussi long et coûteux. De plus, nous savons aussi que beaucoup de médecins et de patients trouvent cela trop compliqué et ne respectent donc pas le processus." Les chercheurs du George Institute pensent donc que leur "polypill" pourrait vraiment faire la différence dans le traitement actuel de l'hypertension.
"Cette étude a une pertinence mondiale", déclare le professeur Patel, également co-auteur de l’étude. "Bien que les pays à niveau de revenu faible et intermédiaire soient les plus logiquement intéressés en termes de rapport coût-efficacité, ces bénéfices sont tout aussi importants dans un pays à haut niveau de revenu comme l’Australie."
L’HTA est un fléau, même dans les pays développés
L'hypertension artérielle est la principale cause de mortalité et de maladies cardiovasculaires dans le monde. Elle peut, de plus, être responsable de démence vasculaire. Cependant, des lacunes importantes subsistent dans le traitement des personnes souffrant d'hypertension artérielle.
Dans les pays à niveau de revenu faible ou intermédiaire, la disponibilité et le coût des médicaments constituent un problème critique et seulement un tiers des personnes souffrant d'hypertension dans ces pays reçoivent un traitement. De plus, seulement la moitié des patients traités dans les pays à niveau de revenu élevé et le quart dans les pays à niveau de revenu faible ou intermédiaire parviennent à contrôler effectivement leur pression artérielle. L’utilisation d’une monothérapie (traitement par un seul antihypertenseur), dont l'efficacité est modeste, est principalement responsable de cet échec.
Par ailleurs, les recommandations internationales récentes contre l’HTA donnent des objectifs de pression artérielle plus bas chez les patients à haut risque, ce qui augmente la nécessité de stratégies de traitement plus efficaces.