L’otite séreuse est une maladie très fréquente chez les enfants âgés de 1 à 8 ans. Entre 15 et 40% sont touchés avant 5 ans. Il s’agit d’un épanchement persistant (plus de 2 mois) d’un liquide séreux derrière le tympan.
Des chercheurs ont voulu déterminer si une courte série de stéroïdes oraux (prednisolone) permettrait d'obtenir une audition "acceptable" chez les enfants atteints d'otite séreuse avec épanchement et perte auditive. Pour ce faire, ils ont recruté des enfants âgés de 2 à 8 ans présentant des symptômes attribuables à l'otite séreuse avec épanchement pendant au moins 3 mois et une perte auditive bilatérale confirmée.
Les participants ont été recrutés dans 20 services ambulatoires d'ORL, d'audiologie pédiatrique et de médecine audio-vestibulaire en Angleterre et au Pays de Galles. Entre le 20 mars 2014 et le 5 avril 2016, 1018 enfants ont été dépistés, dont 389 ont été randomisés. 200 ont été affectés à la réception de stéroïdes oraux et 189 à la réception d'un placebo. L'audition à 5 semaines a été évaluée chez 183 enfants dans le groupe des stéroïdes oraux et 180 dans le groupe placebo. Une audition "acceptable" a été observée chez 73 enfants (40%) dans le groupe des stéroïdes oraux et 59 (33%) dans le groupe placebo.
"Aucune différence significative quant aux événements indésirables"
"Il n'y avait aucune différence significative quant aux événements indésirables ou les mesures de qualité de vie entre les groupes", notent les chercheurs. "Le prednisolone orale n'est pas un traitement efficace pour la plupart des enfants âgés de 2 à 8 ans atteints d'otite moyenne persistante avec épanchement, mais il est bien toléré. Un enfant sur 14 pourrait améliorer son audition, mais pas sa qualité de vie", poursuivent-ils.
Répercussions sur l’acquisition de la parole et des apprentissages
"Chez la plupart des enfants, l'otite séro-muqueuse guérit généralement spontanément en quelques mois mais son évolution peut être fluctuante et traînante. Des complications peuvent survenir, en particulier dans les situations à risque telles qu’une surdité préexistante ou une pathologie vélaire. La plus fréquente de ces complications est la diminution de l’audition avec un risque chez l’enfant de répercussions sur l’acquisition de la parole et des apprentissages", explique Dr Nathalie Poutignat, du service évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours (HAS). Le traitement est alors chirurgical.