Cette année, l'Europe a été confrontée à sa plus importante épidémie de rougeole en 10 ans, rapporte le BMJ : depuis janvier 2018, plus de 41 000 personnes (enfants et adultes) ont été contaminées sur le continent, soit deux fois plus que sur l'année 2017. L'année d'avant, seuls 5300 cas avaient été recensés en Europe.
2741 cas déclarés en France depuis novembre 2017
L'Ukraine est le pays le plus durement touché cette année avec 23000 cas en 6 mois, suivie par la Serbie, la Russie, l’Italie, la Géorgie, la Grèce, ou encore la France. Selon Santé Publique France, "le nombre de cas de rougeole augmente de manière importante depuis novembre 2017. Cette situation est la conséquence d’une couverture vaccinale insuffisante chez les nourrissons (79% avec deux doses de vaccin au lieu des 95% nécessaires), les enfants et les jeunes adultes".
Plus précisément, 2741 cas ont été déclarés en France depuis le 6 novembre 2017, 22% d'entre eux ont été hospitalisés et trois décès sont survenus depuis janvier - 37 à l'échelle européenne. En somme, contrairement aux idées reçues, la rougeole n'est ni une maladie éradiquée, ni une maladie infantile bénigne. Elle touche également les adultes, peut entraîner des complications pulmonaires ou neurologiques sérieuses, voire être fatale. "La rougeole est dix fois plus contagieuse que la grippe. Elle se transmet très facilement d’une personne à l’autre par l'air, lors de toux, éternuements, mouchage, ou par contact avec des objets contaminés (jouets, mouchoirs, …)", rappelle l'ARS.
89% des patients étaient mal ou pas vaccinés
89% des cas recensés en France depuis janvier sont survenus chez des personnes non ou mal vaccinées. Ces dernières n'ont en effet reçu qu'une seule dose de vaccin, alors que la couverture vaccinale en prévoit deux. "Ce revers partiel montre que toute personne qui n’est pas vaccinée reste vulnérable, où qu’elle vive, et que tous les pays doivent maintenir la pression pour élargir la couverture et remédier aux lacunes immunitaires, même après avoir obtenu un statut d’interruption ou d’élimination de la maladie", explique au Figaro le docteur Nedret Emiroglu, directrice de la division des situations d’urgence sanitaire et des maladies transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Europe.
Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois. Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle. En cas d’épidémie, il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec une personne souffrant de la rougeole pour éviter la survenue de la maladie (vaccination de rattrapage).
Peut-on vacciner les enfants allergiques ?
La vaccination des enfants allergiques a été abordée par des spécialistes à l'occasion de la 13e édition du Congrès Francophone d’Allergologie (CFA) qui s'est tenu en avril au Palais des Congrès de Paris.
Un élargissement de la couverture vaccinale a été initié par la ministre de la Santé Agnès Buzyn : onze vaccins sont désormais obligatoires pour les enfants nés après le 1er janvier 2018. Parmi eux, les vaccins du type rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et le vaccin anti-grippe qui contiennent tous deux de l'oeuf. Un aliment auquel beaucoup d'enfants sont allergiques. Quel est le risque ?
Rassurez-vous, produits sur des fibroblastes embryonnaires de poulet, ils sont quasiment dénués de protéines aviaires et ne présentent donc aucun risque. Concernant le problème de l’allergie aux protéines aviaires, il ne se pose plus que pour le vaccin contre la fièvre jaune, non obligatoire en France, mais recommandé, voire exigé pour se rendre dans certains pays (Angola, Brésil, Argentine, Burundi, Burkina Faso...). Pour éviter tout danger, mieux vaut réaliser l’injection en plusieurs fois dans un service hospitalier.