C’est une première : une application pour smartphone reconnue comme moyen de contraception. Si cela fait un moment que les applications dédiées à la santé, comme celles pour le diabète ou la dépression, sont utilisées par de nombreux patients, c’est la première fois qu’un pays en reconnaît une comme moyen de contraception. Cette reconnaissance est d'autant plus surprenante que l'application serait responsable de 37 IVG en Suède.
Des risques d’erreur faibles ?
Cela fait un moment que les femmes ont vu débarquer sur leurs smartphones des applications qui leur permettent de gérer leurs cycles de façon naturelle, c’est-à-dire de prévoir leurs jours d’ovulation afin de maîtriser leurs rapports sexuels. Ces applications se basent généralement sur des données personnelles (âge, poids, cycles) associées à la température corporelle, plus élevée en cas d’ovulation. C’est le cas de Natural Cycles, application fondée par deux chercheurs d'origine suédoise, Elina Berglund et Raoul Scherwitzl.
Cette application payante sur abonnement serait utilisée par 800.000 femmes. Pour autoriser cette application à communiquer en tant que moyen de contraception, la FDA (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) s’est appuyée sur une étude clinique réalisée sur 15.570 femmes. Le taux d’échec très faible de 1,8%, bien plus bas que celui constaté en cas d'utilisation du préservatif, a été un argument favorable pout l’organisme américain.
Une méthode de contraception idéale donc ? Ce n’est pas si simple. L'application Natural Cycles a également été victime de polémiques, notamment depuis que l’hôpital Södersjukhuset de Stockholm a notifié que 37 IVG sur 668 entre septembre et décembre 2017 avaient été subies par des femmes utilisant Natural Cycles comme moyen de contraception. L'AMP, qui est en Suède l'équivalent de notre Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), diligente une enquête pour connaître l'ampleur des échecs de l'application.
Un retour à la contraception naturelle ?
Il faut voir cependant dans le développement de ces pratiques et de ces applications une évolution parmi les moyens de contraception. La crise de la pilule de troisième génération en 2013 a effectivement considérablement changé la façon de se protéger : une femme sur 5 aurait modifié sa contraception, en utilisant notamment celle dite naturelle. Cette dernière consiste à procéder au retrait ou bien, plus sûr, au MOC : "méthodes d’observation du cycle".
Selon la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM), ces méthodes ont des taux d’échecs très élevés allant de 17% à 20% et ne sont pas fiables. Tandis que certains soignants, eux, défendent le MOC, arguant que toutes les méthodes naturelles ne se valent pas.
De quoi alimenter encore longtemps le débat. Rappelons tout de même, qu’en aucun cas, une telle méthode protège des maladies sexuellement transmissibles comme l’hépatite C ou le Virus du HIV pour lesquelles seuls les préservatifs sont un rempart efficace !