ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Alcool : jamais "d'effet protecteur", selon une gigantesque étude

The Lancet

Alcool : jamais "d'effet protecteur", selon une gigantesque étude

Par Mathilde Debry

Une pierre de plus dans le jardin des lobby de l'alcool. Une étude montre que quelque soit le pays, même un seul verre de vin est mauvais pour la santé.

Istock/ nixki

"Moi, je bois du vin le midi et le soir. Je crois beaucoup à la formule de Pompidou: n'emmerdez pas les Français", indiquait en février dernier Emmanuel Macron à des journalistes de la presse régionale en marge d'une rencontre avec des agriculteurs. "Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n'est pas avec le vin", ajoutait le Président de la république, précisant qu’il n'y aurait pas d'amendement pour durcir la loi Evin, restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées, au cours de son mandat.

28 millions de personnes

Pourtant, comme beaucoup de Français, le chef de l’Etat ne devrait pas consommer autant d’alcool, et encore moins faire l’apologie publique d’une telle pratique. C’est ce que vient de confirmer une gigantesque étude du Lancet, évaluant les niveaux de consommation d'alcool et leurs effets sur la santé dans 195 pays, sur près de 28 millions de personnes. La valeur des informations qui en ressort tient principalement à l’impressionnante taille de la cohorte.

"Bien que les risques pour la santé associés à l'alcool commencent par être faibles avec un verre par jour, ils augmentent rapidement à mesure que les gens boivent davantage", explique le directeur de la recherche, le Dr Max Griswold, de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (Etats-Unis). "L'opinion largement répandue sur les bienfaits de l'alcool pour la santé doit être révisée", tranche-t-il. 

Sur la base de leur analyse, le chercheur et son équipe indiquent en effet que l’alcool n’a pas "d’effet protecteur" sur la santé. "Des études antérieures ont révélé un effet protecteur de l'alcoolsur certaines conditions, mais nous avons constaté que les risques combinés pour la santé associés à l'alcool augmentent avec n'importe quelle quantité d'alcool. En particulier, la forte association entre la consommation d'alcool et le risque de cancer, de blessures et de maladies infectieuses compense les effets protecteurs des cardiopathies ischémiques chez les femmes de notre étude", poursuit Max Griswold.

Un décès sur 10 chez les personnes âgées de 15 à 49 ans

La consommation d'une boisson alcoolisée par jour augmente le risque de développer l'un des 23 problèmes de santé potentiellement liés à l'alcool de 0,5%, comparativement aux personnes qui ne boivent pas du tout. À l'échelle mondiale, l'alcool est ainsi l'un des principaux facteurs de risque de maladie dans le monde et est associé à près d'un décès sur 10 chez les personnes âgées de 15 à 49 ans.

Plus précisément, c’est le septième facteur de risque de décès prématuré et de maladie en 2016, représentant 2,2 % des décès chez les femmes et 6,8 % des décès chez les hommes. Chez les personnes âgées de 15 à 49 ans, l'alcool est le principal facteur de risque en 2016, avec 3,8% des décès chez les femmes et 12,2% des décès chez les hommes. 

Les principales causes de décès liées à l'alcool dans ce groupe d'âge étaient la tuberculose (1,4 % des décès), les accidents de la route (1,2 %) et l'automutilation (1,1 %). Chez les personnes âgées de 50 ans et plus, les cancers étaient l'une des principales causes de décès liés à l'alcool, représentant 27,1 % des décès chez les femmes et 18,9 % des décès chez les hommes. Dans les pays à revenu élevé, les cancers sont les maladies liées à l’alcool les plus fréquentes. Dans les pays à faible revenu, ce sont la tuberculose, la cirrhose et les maladies chroniques du foie. Dans les pays intermédiaire, l'accident vasculaire cérébral (AVC) occupe la première place du classement.  

Concluons que de nombreuses études précédentes, plus petites, avaient déjà démontré consommer de l’alcool est dangereux pour la santé, même en très petite quantité.