L’idée peut sembler un peu tirée par les cheveux, pourtant, selon une nouvelle étude américaine, le tréhalose, un sucre naturel, pourrait être bénéfique pour lutter contre le syndrome métabolique et le diabète... à la différence de tous les autres sucres.
Ce sont des chercheurs de la Washington University School of Medicine à Saint Louis aux états-unis qui se sont penchés sur le sujet dans une nouvelle étude publiée dans la revue JCI Insight.
Le syndrome métabolique : de plus en plus fréquent aux états-unis
Le syndrome métabolique n’est pas, à proprement parler, une maladie en soi. C’est en fait un regroupement de plusieurs troubles avec des mécanismes communs comme la surcharge pondérale, l’obésité abdominale, l'hypertension artérielle, les anomalies du taux de sucre dans le sang, les troubles lipidiques (triglycérides), l'hyper-uricémie ou encore les maladies du foie. L’accumulation de ces différents facteurs augmente le risque de diabète 2, de maladies cardiaques, et d‘accidents vasculaire cérébral.
Aux états-unis, ce syndrome est en hausse : alors qu’il touchait 25,3 % des adultes américains entre 1988 et 1994, 34,2 % des adultes en étaient victimes entre 2007 et 2012. Ce syndrome était jusqu’à présent très difficile à traiter, mais les chercheurs de la Washington University School of Medicine pourraient bien avoir trouvé une piste grâce à l’action bénéfique d’un sucre naturel : le tréhalose.
Qu’est ce que le tréhalose ?
Le tréhalose est régulièrement utilisé dans l’industrie alimentaire et dans la cosmétique. C’est un sucre naturel synthétisé par certaines bactéries, champignons, plantes et animaux. Pour leur étude, les scientifiques ont donné du tréhalose à des souris et ont constaté que cette prise de sucre naturel produisait un certain nombre de changements potentiellement bénéfiques pour les personnes atteintes d'un syndrome métabolique.
Ce sucre, en bloquant le glucose du fois, activerait un gène : l’ALOXE3, qui améliorerait la sensibilité à l’insuline. Ce même gène, une fois activé, améliorerait également la combustion des calories et réduirait la graisse et la prise de poids. Les chercheurs ont également remarqué que le niveau de graisse et de cholestérol dans le sang chutait chez les souris nourries avec ce sucre.
Une imitation du jeûne
Ces effets, sont en fait les mêmes que ceux déclenchés lors des jeûnes. La tréhalose imiterait donc les effets bénéfiques du jeûne, sans que le patient ait à restreindre son alimentation. Pour le Dr Brian DeBosch, co-auteur de l’étude : "Nous avons appris que ce gène, l’ALOXE3, améliore la sensibilité à l'insuline de la même manière que les médicaments courants contre le diabète, appelés thiazolidinediones".
Il rajoute : "Nous avons montré que l'activation de l'ALOXE3 dans le foie est déclenchée à la fois par le tréhalose et par le jeûne, peut-être pour la même raison : priver le foie de glucose." Et il conclut : "Nos données suggèrent que le jeûne, ou l'administration de tréhalose dans le cadre d'un régime alimentaire normal, inciterait le foie à modifier la façon dont il traite les nutriments de façon bénéfique."
Des défis à relever
Pour les personnes atteintes du syndrome métabolique il sera donc peut être un jour possible de profiter des bienfaits du jeûne sans avoir à modifier leur alimentation. Ceci dit d’autres défis restent à relever pour que les patients puissent un jour profiter de cette découverte.
En effet le tréhalose contient deux molécules de glucose, qui peuvent se décomposer pendant le transit, ce qui serait alors contre-productif. Pour contourner ce problème les chercheurs se penchent actuellement sur le lactotrehalose, sucre apparenté au tréhalose, mais dont la molécule imperméable aux enzymes digestives, permettrait elle aussi de déclencher le gène ALOXE3.
Une étude passionnante qui nécessitera toutefois encore beaucoup de travail avant que les humains puissent en bénéficier !