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Qualité du sperme

Protéines: la nutrition des pères affecte aussi la santé des enfants

Par Mathilde Debry

Un manque de protéines dans l'alimentation des pères affecte la qualité du sperme, ce qui peut avoir un impact direct sur la santé à long terme de leur progéniture.

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De nouvelles recherches ont montré qu'un manque de protéines dans l'alimentation des pères affecte la qualité du sperme, ce qui peut avoir un impact direct sur la santé à long terme de leur progéniture.

L'étude, réalisée à l'Université de Nottingham, a soumis des souris mâles à un régime alimentaire pauvre en protéine. Résultat : leurs souriceaux sont devenus obèses, avec des symptômes de diabète de type 2 et une expression réduite des gènes qui régulent le métabolisme des graisses.

Modification de l'ADN du sperme

Des essais antérieurs avaient déjà montré que les spermatozoïdes d'hommes ayant un excès de poids, fumant, buvant à l’excès ou souffrant diabète de type 2 étaient de moins bonne qualité. Cependant, l’impact concret de ces facteurs sur la descendance n’était jusqu’ici pas prouvé.

"Il y a beaucoup d'information à la disposition des femmes qui veulent être enceintes, sur l'importance d'un mode de vie sain et de bons choix alimentaires, tant pour leur propre santé que pour celle de leur enfant. Mais peu de conseils, voire aucun, sont disponibles pour le père", explique Adam Watkins, professeur adjoint en biologie de la reproduction à l'Université de Nottingham et directeur de l’étude.

"Nos recherches sur les souris montrent qu'au moment de la conception, le régime alimentaire et le bien-être du père influencent la croissance à long terme et la santé métabolique de sa progéniture", ajoute-t-il. Plus précisément, la diète paternelle à faible teneur en protéines a induit une modification de l'ADN des spermatozoïdes, en conjonction avec des réponses de remodelage embryotrophique, immunologique et vasculaire de l’appareil génital féminin.

La santé reproductive masculine en France connaît une altération globale

Selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'agence Santé publique France, la santé reproductive masculine en France connaît une altération globale, a priori favorisée par une exposition précoce aux perturbateurs endocriniens. Entre 1989 et 2005, une baisse significative et continue de 32,2% de la concentration spermatique a été observée. Pour un homme de 35 ans, la concentration moyenne est passée de 73,6 millions de spermatozoïdes/ml en 1989 à 49,9 millions/ml en 2005, soit une diminution d’environ 1,9%, (1,4 million de spermatozoïdes) par an. 

Bien s'alimenter pour devenir père

Kevin Sinclair, professeur de biologie du développement à l'École des biosciences, et co-auteur de la recherche, conclut : "Il est important de reconnaître que les spermatozoïdes contribuent à plus de la moitié des gènes qui composent un enfant. Notre étude montre que la composition du plasma séminal peut être modifiée par l'alimentation du père".

La viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers, les légumineuses, les céréales, les noix et graines sont les aliments les plus riches en protéines. Une récente étude a ainsi démontré que manger des noix, des amandes et des noisettes pouvait nettement améliorer la qualité du sperme. L

es chercheurs précisent que parmi les fruits à coque testés, les noix ont joué un rôle plus important. "Parce que les noix contiennent une quantité considérable de plusieurs nutriments qui sont impliqués dans la fertilité masculine, nous croyons que la consommation de noix ajoutée à un régime de type occidental améliorerait la qualité et la fonctionnalité du sperme", conclut l’essai.