Techniquement, la Corse n’est toujours pas à l’abri d’une épidémie de bilharziose, une infection parasitaire provoqué par un ver, Schistosoma haemotobium, qui y avait été introduit par une personne malade.
"Un foyer avait émergé au Portugal comme ça en 1925 et il a mis 50 ans à s'éteindre. Nous ne sommes pas dans la même configuration, bien sûr et nous disposons d'outils bien plus performant de santé publique qu'à cette époque, mais il faut rester vigilant", rappelle au Figaro Jérôme Boissier, professeur à l'Université de Perpignan Via Domitia.
Lésions urinaires et génitales
La bilharziose, aussi appelée schistosomiase, est une maladie parasitaire due à un ver hématophage : le Schistosoma haematobium. Ses larves pénètrent d’abord les pores de la peau, puis, après tout un circuit dans le corps, gagnent les vaisseaux sanguins qui tapissent les parois de la vessie. Là, elles y grandissent, se reproduisent et pondent leurs œufs, qui finissent par se retrouver dans les urines. C'est l'accumulation des œufs de schistosomia au niveau urinaire et génital qui provoque les complications.
La maladie chronique associée au passage des larves et à l'accumulation des œufs dans les urines peut provoquer des douleurs abdominales, de la toux, des diarrhées, de la fièvre, de la fatigue, l'élargissement du volume du foie et de la rate, des lésions génitales (testicules, pénis, scrotum), des symptômes cutanés (démangeaison, dermatite), des cystites, de l’hypertension artérielle pulmonaire ou encore des lésions du système nerveux central. Surtout, par le biais d'une inflammation chronique, la bilharziose uro-génitale peut aboutir à des cancers de la vessie et à des lésions génitales chez l'homme et chez la femme qui peuvent aboutir à des douleurs lors de l'acte sexuel et à des troubles.
120 cas d’infection
Normalement, cette infection parasitaire touche l'Afrique (85% des cas), l'Amérique du Sud et l'Asie. Mais en 2014, la Corse a été touchée par une épidémie, en raison de la contamination de la rivière du Cavu et de la Solenzara, rivière qui reste toujours sous surveillance. Au moins 120 cas d’infection ont été recensés depuis, dont un en 2016.
"Nous n'avons pas identifié le patient source. En revanche, nous pouvons affirmer qu'elle a bien été (importée et) diffusé par une personne infectée ayant uriné dans l'eau, tous les malades déclarés s'étant par ailleurs baignés dans une zone particulière du Cavu, une rivière de Corse du Sud très prisée des touristes", explique le Pr Guillaume Mitta, directeur du laboratoire "Interactions hôtes-pathogènes-environnements".
Le parasite a ensuite trouvé son hôte dans la rivière, sous la forme d'un mollusque, ce qui lui a permis de s'y maintenir. "Le parasite a ensuite fait en milieu aqueux la rencontre de mollusques d'eau douce, les bulins, qui sont nécessaires à sa multiplication et à son développement", poursuit-il.
Deuxième maladie parasitaire dans le monde
La bilharziose est la deuxième maladie parasitaire dans le monde, derrière le paludisme. Il en existe 4 formes chez l'homme. Elle toucherait environ 300 millions de personnes. Facile à traiter quand elle est diagnostiquée tôt, cette maladie tropicale ferait tout de même entre 200 000 et 250 000 morts chaque année.