La maladie d’Alzheimer touche en France près de 850 000 malades et la barre des 2 millions pourrait être atteinte d’ici 2030. Une véritable épidémie liée, entre autres, au vieillissement des populations, l’âge étant le principal facteur de risque de la maladie.
Si aucun traitement curatif n’existe encore pour Alzheimer, les virus pathogènes dont l’herpès de type 6A et 7 sont mis en cause dans plusieurs études comme potentiels facteurs de la maladie... et comme cible thérapeutique.
Une nouvelle cause à la maladie d’Alzheimer ?
Malgré les nombreuses recherches et avancées sur l'Alzheimer ces 20 dernières années, les causes de cette maladies sont, elles, encore inconnues. Si l’on comprend mieux les processus qui amènent à la désorganisation et à la mort des neurones dans le cerveau (plaques amyloïdes), on ignore ce qui déclenche ce mécanisme pathologique.
Récemment, plusieurs études ont cependant révélé un lien entre cette maladie dégénérative et les virus herpétiques type 6A et 7. La dernière en date, menée par le Centre de recherche sur les maladies neuro-dégénératives de l’Université d’État de l’Arizona et de l’Icahn School of Medicine de Mount Sinaï à New York, publiée dans la revue Neuron, mettrait en cause ce virus pathogène.
Une cartographie du cerveau
Les chercheurs qui, au départ, avaient pour objectif de trouver de nouvelles pistes de traitement de cette maladie, ont cartographié 622 cerveaux malades et 322 cerveaux « sains ». Toutes les données collectées ont ensuite été traitées par différents outils bio-informatiques.
Ces outils ont détecté des niveaux beaucoup plus élevés d’herpès de type 6A et 7 dans les cerveaux de malades souffrant de maladie d’Alzheimer. Ben Readhead, co-auteur de l’étude, a déclaré : "On ne s’y attendait pas, nous avons été très intrigués de trouver ces pathogènes".
Un nouvel axe de recherche
Reste à savoir si cette corrélation entre herpès et Alzheimer est une cause ou une conséquence de la maladie. À ce sujet, Joel Dudley, co-auteur de l’étude et généticien, a déclaré dans le daily geek show : "Les études précédentes sur les virus et la maladie d’Alzheimer ont toujours été très corrélatives.
Mais nous avons pu effectuer des tests d’inférence causale statistique et des analyses plus sophistiquées, ce qui nous a permis d’identifier les mécanismes d’interaction avec les gènes d’Alzheimer. Nous ne pensons pas pouvoir répondre à la question de savoir si ces virus de l’herpès sont une cause primaire de la maladie d’Alzheimer. Mais ce qui est clair, c’est qu’ils perturbent et participent aux réseaux qui sous-tendent la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer."
Des applications thérapeutique potentielles
Récemment, d'autres chercheurs avaient trouvé un lien évident entre traitement de l'herpès et réduction du risque de maladie d'Alzheimer. L’étude a été menée sur 8 362 personnes, âgées de plus de 50 ans, récemment diagnostiquées d’un herpès labial sévère et suivies sur une période de dix ans. Les résultats obtenus ont été comparé à ceux d’un groupe contrôle composé de 25 086 personnes sans herpès évident.
Les personnes atteintes d’un herpès sévère avaient un risque 2,5 fois plus élevé de contracter la maladie d’Alzheimer, mais pour celles qui étaient soignées par un traitement antiviral, l’incidence de la maladie était divisée par dix !
De nouveaux travaux complémentaires seront donc nécessaires pour préciser le rôle des virus de l’herpès dans la maladie Alzheimer. Mais c'est une piste intéressante pour expliquer la fréquence des cas d'Alzheimer dans la même famille, l'herpès est en effet un virus qui se diffuse dans les familles. Si ce lien était certifié, cela permettrait de se pencher sur une nouvelle voie thérapeutique à utiliser tôt dans le cours de la maladie. En attendant, un diagnostic précoce de cette maladie permet aux patients de mieux vivre avec, plus longtemps !