Le début de la fin pour l’homéopathie ? La faculté de médecine de Lille a pris la décision d’interrompre son diplôme universitaire d’homéopathie pour l’année universitaire en cours. Dans un message diffusé sur le compte Twitter de l’université, l’établissement explique que cette suspension intervient "dans l’attente de la position de la HAS [Haute autorité de santé, ndlr] et d’échanges nationaux sur l’encadrement de cette pratique et de son enseignement."
La Faculté de Médecine de Lille décide de suspendre son Diplôme d’Université d’homéopathie pour l’année universitaire débutante dans l’attente de la position de la H.A.S. et d’échanges nationaux sur l’encadrement de cette pratique et de son enseignement.
— medecine_Ulille (@medecine_Ulille) 31 août 2018
Une pratique non fondée sur les preuves
De nombreuses universités proposent, en complément des études de médecine conventionnelle, des diplômes universitaires d’homéopathie destinées aux médecins et professionnels de santé intéressés par la pratique. La reconnaissance du titre de médecin homéopathe par l’Ordre des médecins est d’ailleurs conditionnée à la poursuite d’un tel cursus.
"Force est de constater que nous enseignons une médecine fondée sur les preuves [et] qu’en parallèle l’homéopathie n’a pas évolué, que c’est une doctrine qui est restée en marge du mouvement scientifique, que les études sont rares sur l’homéopathie, qu’elles sont peu solides", a déclaré à l’AFP le Pr Didier Gosset, doyen de la faculté médicale de Lille et interniste de formation. "Maintenir notre enseignement serait le cautionner."
Tribune des 124 contre les médecines alternatives
Cette décision intervient dans le sillage de la désormais célèbre tribune des 124 contre les médecines alternatives, publiée dans Le Figaro en mars dernier. Les signataires, médecins ou professionnels de santé, y réclamaient entre autres la fin du remboursement et la fermeture des formations publiques à l’homéopathie, brocardant des pratiques jugées "irrationnelles et dangereuses".
La tribune a signé le début d’une vive polémique, qui avait contraint Agnès Buzyn à conditionner le maintien du remboursement à 30% de l’homéopathie à une évaluation par la HAS. Le résultat de cette évaluation est attendu pour février, mais le suspense est mince : l’absence d’efficacité propre de l’homéopathie fait l’objet d’un très large consensus scientifique, et l’autorité a déjà laissé filtrer son opinion sur le bien-fondé du remboursement.
Si les universités s’y mettent, il y a fort à parier que les jours où l’homéopathie cohabitait de facto avec les institutions de la médecine conventionnelle soient comptés. Une question demeure : toutes choses égales par ailleurs, le système de santé français y gagnera-t-il ? C’est tout l’enjeu du débat.