Depuis lundi 3 septembre, il est possible d’acheter en France le nouveau vaccin contre le papillomavirus humain (HPV). Selon Le Parisien, qui révèle l’information, 42 millions de doses de Gardasil 9 viennent d’être mises en circulation dans 20 pays, dont l’Hexagone. Commercialisé par le laboratoire MSD, il protège contre 9 souches responsables de cette maladie sexuellement transmissible, contre 4 pour l’ancienne version du Gardasil.
9 souches à l’origine de 90% des cancers du col utérin
Utilisés en prévention des lésions précancéreuses du col de l’utérus, le Gardasil et son concurrent le Cervarix ont fait l’objet d’une grande défiance lors de leur mise sur le marché. La vaccination contre le HPV est pourtant fortement recommandée pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans (deux doses de vaccin) avant leur entrée dans la vie sexuelle, ou en rattrapage jusqu’à 19 ans inclus (trois doses). Depuis 2016, les recommandations de vaccination concernent aussi les hommes de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
Car les papillomavirus sont loin d’être inoffensifs. Se transmettant généralement au cours de rapports sexuels, avec ou sans pénétration, et plus particulièrement au cours des premières années de la vie sexuelle, ils sont à l’origine de la plupart des cancers du col de l’utérus, ainsi que des cancers du vagin, de la vulve, de l'anus et de cancers ORL. "On estime que 75% des adultes vont être à un moment ou à un autre contaminés par un papillomavirus. L’ancienne version du Gardasil permettait de se protéger contre 4 souches de papillomavirus, à l’origine de 70% des cancers du col de l’utérus, du vagin, de la vulve, de l’anus ou du pénis. Le Gardasil 9 protège contre 9 souches de HPV, à l’origine de 90% de ces cancers, il est donc plus efficace", explique à France Info le Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l'hôpital intercommunal de Créteil.
Plusieurs études ont démontré que la contamination par les HPV avait généralement lieu lors des premières années de la vie sexuelle. Le fait de devenir active sexuellement à un jeune âge et d'avoir de nombreux partenaires sexuels sont aussi des facteurs à risque. Toutefois, personne n'est à l'abri d'une infection aux HPV : environ 80% des femmes y sont d'ailleurs exposées au cours de leur vie. En général, leur corps parvient à les éliminer, mais il arrive que l'infection provoque des lésions au niveau du col de l'utérus, qui peuvent évoluer vers un cancer des années plus tard.
Une trop faible couverture vaccinale
D’où l’importance du dépistage par frottis vaginal et, pour les jeunes filles qui n’ont pas encore entamé leur vie sexuelle, ou sont tout juste actives sexuellement, de se faire vacciner.
Pourtant, aujourd’hui, rares sont les adolescentes à être immunisées contre le HPV : seules 19% d’entre elles ont reçu les deux doses nécessaires, relève Santé publique France. "On a subi pendant des années des polémiques anti-vaccinales multiples, qui ont touché tous les vaccins, mais qui ont touché particulièrement le vaccin contre l'hépatite B et le vaccin contre le papillomavirus", estime le Pr Cohen, qui pointe aussi l’absence d’offre vaccinale en milieu scolaire comme c’est le cas dans d’autres pays comme le Royaume-Uni et l’Australie. "L’arrivée de Gardasil 9 est une belle opportunité pour rappeler l’importance de la vaccination" et étendre la couverture vaccinale, estime pour sa part le Dr Alexandra Leary, cancérologue dans le Val-de-Marne citée par 20 Minutes.
Les deux spécialistes s’accordent d’ailleurs sur la nécessité d’élargir la vaccination à toutes les filles et à tous les garçons. "Si on accepte que notre objectif prioritaire soit l’élimination du HPV, il n’est pas logique de ne vacciner que la moitié de la population", estime le Dr Alexandra Leary. "Aujourd’hui, vingt pays recommandent la vaccination chez le garçon, dont l’Australie et l’Autriche par exemple, détaille le Pr Robert Chen. L’intérêt, c’est que ce vaccin permet de protéger contre les cancers anaux qui touchent l’homme mais aussi contre les cancers ORL, dont 60% sont liés au papillomavirus. En éliminant ces papillomavirus, on peut espérer avoir un effet sur ces cancers ORL."