Les parents de Vincent Lambert, un tétraplégique hospitalisé à Reims depuis 5 ans en état de « conscience minimale », ont réussi à bloquer par voie de justice l'euthanasie passive de leur fils, souhaitée par la femme du patient. Une victoire obtenue devant le tribunal administratif grâce à une ordonnance obligeant les équipes médicales à réalimenter et réhydrater leur fils. La situation était pourtant compliquée car le patient vicitime d'un accident de voiture n'avait pas rédigé de directives anticipées. Un cas fréquent, pour le Dr Vincent Morel, président de Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs, puisque « dans seulement 2% des dossiers, les médecins retrouvent des directives anticipées ».
La loi Leonetti sur la fin de vie
Dr Vincent Morel: Quand un médecin prend une décision de limiter ou d'arrêter un traitement pour éviter l'acharnement thérapeutique qu'un patient ne souhaite pas, il doit faire 3 choses. Tout d'abord, consulter les éventuelles directives anticipées, ce que le malade aurait pu écrire par rapport à ce qu'il souhaitait. Ensuite, le médecin doit interroger la personne de confiance désignée par le malade, qui sera en quelque sorte le porte parole du patient. Enfin, les équipes médicales devront aussi questionner la famille, et c'est sur ce dernier point que l'ordonnance du juge des référés appporte des précisions.
La vision élargie de la famille donnée par le tribunal
Dr Vincent Morel: Sur la famillle, si l'on prend la lecture stricte du jugement, le tribunal a dit qu'il fallait désormais avoir une vision assez large de la famille et consulter l'ensemble des personnes du cercle familial. D'après l'ordonnance, les médecins doivent aller au-delà des conjoints lors de la discussion avec la famille, c'est-à-dire au moins jusqu'aux parents. Et cela y compris lorsque la personne a 40-50 ans et qu'elle est mariée.
Les directives anticipées peu connues des Français
Dr Vincent Morel: Sur les directives anticipées, on a un chiffre précis. Quand on reprend les certificats de décès et les dossiers, on s'aperçoit que seulement 2% des personnes ont écrit des directives anticipées. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, la non-information du grand public et des citoyens, il n'y a pas eu depuis que cela existe de vraie campagne d'information sur ce que sont les directives anticipées, ni même sur la personne de confiance d'ailleurs. Le deuxième point, c'est qu' écrire des directives anticipées n'est pas toujours simple, notamment dans une situation d'accident où la personne ne peut pas prévoir ce qui va lui arriver.