Le portrait de Lisa Gherardini, peint par Léonard de Vinci, est un des tableaux les plus célèbres au monde. Achevée vers 1516, la représentation de l'épouse d'un riche marchand de soie florentin a été exposée pour la première fois à la cour du roi François Ier et est sous les feux des projecteurs depuis sa remise au Louvre en 1797.
Au cours des siècles qui se sont écoulés depuis, des gens du monde entier ont afflué au musée parisien pour voir de leurs propres yeux l'énigmatique sourire de La Joconde. Pourquoi Léonard de Vinci l'a-t-il immortalisée avec ce regard amusé, alors que tous les autres portraits de l'époque avaient des visages solennels ?
Un goitre
Dans une lettre publiée dans Mayo Clinic Proceedings, les Dr Mehra et Hilary Campbell expliquent que la peau jaunâtre de Lisa Gherardini, l’aspect de ses cheveux, l'absence de sourcils, son cou bouffi et son début de sourire pourraient être les signes d’une hypothyroïdie sous-jacente.
Dans cette affection, la glande thyroïde ne produit pas assez d’hormones T3 et T4, régulatrices du métabolisme. Le foie ne peut alors pas convertir correctement le carotène en vitamine A, et l’excès de matière est déposé dans la couche externe de la peau, ce qui lui donne un éclat jaunâtre. Les personnes atteintes d'hypothyroïdie perdent aussi souvent leurs cheveux et ont un goitre, c’est-à-dire un gonflement à la base du cou dû à l’augmentation de volume de la thyroïde.
Faiblesse des muscles faciaux
Les Dr Mehra et Hilary pensent aussi qu'un cas d'hypothyroïdie avancée aurait pu entraîner une déficience nerveuse et une faiblesse des muscles faciaux, ce qui auraient empêché Lisa Gherardini de sourire franchement.
Avant les années 1920, la carence en iode était la principale cause d'hypothyroïdie, cet oligoélément minéral étant nécessaire à la vie et à la production des hormones thyroïdiennes T3 et T4. Depuis qu'on ajoute de l'iode au sel de table, cette carence est rare dans les pays industrialisés, mais fait encore défaut dans l’alimentation de milliards de personnes. En France, 3,3% des femmes et 1,9 % des hommes sont touchés par l’hypothyroïdie.
Les autres symptômes de l’hypothyroïdie sont : la fatigue, la dépression, l’irritabilité, la frilosité, l’infertilité, la prise de poids, les cheveux secs, les ongles cassants, l’essouflement, des cycles menstruels irréguliers, un taux élevé de cholestérol sanguin, une voix plus grave et enrouée, le visage et les yeux gonflés, la constipation, des crampes, des raideurs musculaires, des douleurs aux articulations, une confusion, une difficulté à se concentrer et des pertes de mémoire, surtout chez les personnes âgées.