Valium, Xanax… La prescription de ces sédatifs (connus sous le nom de benzodiazépines) rendrait accro une personne sur quatre, selon une nouvelle étude. Commercialisées depuis les années 60, les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central. Initialement, elles sont indiquées dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil et de l’épilepsie.
Sur 576 adultes ayant reçu leur première prescription de benzodiazépines entre 2008 et 2016, 152 avaient encore une ordonnance récente un an plus tard. Ceux dont les ordonnances initiales étaient rédigées pour les plus grandes quantités de médicaments étaient également plus susceptibles de devenir des consommateurs de benzodiazépines à long terme. Et pour chaque tranche de 10 jours supplémentaires de médicaments prescrits, le risque d'utilisation à long terme d'un patient a presque doublé au cours de l'année suivante.
Des molécules qui agissent sur le système nerveux central
Précisons que ces résultats se basent sur une population particulière, à savoir des personnes âgées à faible revenu, dont les benzodiazépines ont été prescrites par des médecins non-psychiatres. Pourtant, les consommateurs à long terme de cette médication ne se disaient pas particulièrement anxieux. Quand à ceux qui souffraient d’insomnie, ils étaient nombreux à ne pas constater d’effets positifs du traitement sur une année, déconseillé dans ce cas précis.
Les chercheurs ont également constaté que l’âge moyen des patients traités était de 78 ans, alors ces médicaments ne devraient que rarement être administrés à des adultes de plus de 65 ans. Chez les personnes âgées, ils augmentent le risque d’accidents de voiture, de chutes et de fractures. Par ailleurs, très peu d'entre eux avaient reçu des soins psychiatriques ou psychologiques au cours des deux dernières années.
Une ordonnance de courte durée
"Cela montre que nous devons aider les prestataires de soins à commencer par la fin lorsqu'ils prescrivent une benzodiazépine, en débutant par une ordonnance de courte durée et en engageant les patients dans des discussions sur le moment de réévaluer leurs symptômes", analyse Lauren Gerlach, directrice de l'étude et psychiatre gériatrique. "Nous devons aussi former les soignants sur les traitements non pharmaceutiques efficaces, comme la thérapie cognitivo-comportementale."
Vingt benzodiazépines et apparentés sont actuellement commercialisées en France. Bien que le niveau en 2015 soit le plus bas que l’on ait observé depuis 2000, le nombre de Français consommant une benzodiazépine reste encore trop élevé, en particulier chez les femmes de plus de 65 ans. Près de 13,4% de la population a ainsi consommé en 2015 au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement), en moyenne à partir de 49 ans.