En mettant au point une nouvelle technologie de décodage, une équipe d'ingénieurs et de médecins de l'Université de Californie du Sud (USC) et de l'Université de San Francisco ont découvert comment les variations de l'humeur peuvent être décodées à partir de signaux neuronaux du cerveau humain.
Leur étude, publiée dans Nature Biotechnology, constitue une étape importante vers la création de nouvelles thérapies qui utilisent la stimulation cérébrale pour traiter les troubles depressifs chez des millions de patients qui ne répondent pas aux traitements actuels.
Electrodes intracrâniennes
L'équipe a recruté sept volontaires parmi un groupe de patients épileptiques. Ils avaient déjà des électrodes intracrâniennes insérées dans leur cerveau pour une surveillance clinique standard, afin de localiser leurs crises. Des signaux cérébraux ont été enregistrés à partir de ces électrodes pendant plusieurs jours. En parallèle, les patients ont également rapporté leur humeur de façon intermittente à l'aide d'un questionnaire.
Maryam Shanechi Shanechi, directrice de la recherche, et ses étudiants, Omid Sani et Yuxiao Yang, ont utilisé ces données pour mettre au point une nouvelle technologie de décodage, qui pourrait prédire les variations de l'humeur dans le temps à partir des signaux du cerveau de chaque personne.
Un défi informatique unique
"Le décodage de l'humeur représente un défi informatique unique", explique Maryam Shanechi. "Ce défi est rendu encore plus difficile par le fait que nous ne comprenons pas parfaitement comment ces régions coordonnent leurs activités pour coder l'humeur et que cette humeur est intrinsèquement difficile à évaluer. Pour résoudre ce problème, nous avons dû développer de nouvelles méthodologies de décodage", décrit-elle.
L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) estime que les troubles dépressifs représentent le 1er facteur de morbidité et d’incapacité sur le plan mondial. Ainsi, on compte plus de 300 millions de personnes souffrant de dépression dans le monde, un chiffre en augmentation de plus de 18 % par rapport à 2005. La dépression est une maladie qui touche tous les âges, depuis l’enfance jusque très tard dans la vie. 7,5% des 15-85 ans auraient vécu un épisode dépressif, avec une prévalence deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes (source : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). La prévalence des troubles dépressifs est estimée entre 2,1 à 3,4% chez l’enfant et à 14% chez l’adolescent.