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Infection massive

Elle se fait amputer les orteils après une fish pédicure en Thaïlande

Par Raphaëlle de Tappie

Une Australienne de 29 ans a contracté une infection au pied lors d'une séance de "fish pédicure" en Thaïlande. De retour chez elle, la jeune femme a dû se faire amputer progressivement tous les orteils.

Capture d'écran/ vidéo @The Sun

Voilà qui devrait refroidir les voyageurs amateurs de "fish pedicure". Après en avoir réalisé une en Thaïlande, une Australienne de 29 ans a contracté une infection des orteils en raison d’un insecte présent dans l’eau du bassin. Elle a dû être amputée de tous les orteils de son pied droit, rapporte le journal britannique The Sun.  

Récit

En 2008, Victoria Curthoys se blesse le gros orteil du pied droit avec un morceau de verre. La blessure s’infecte et la jeune femme doit se faire amputer d’une partie de l'orteil en question. Quatre ans plus tard, elle se rend en Thaïlande pour les vacances. Les fish pédicures (soin où des centaines de petits poissons de l’espèce Garra rufa se nourrissent en retirant les peaux mortes de votre pied) étant très populaire là-bas, elle décide d’essayer dans un spa, qui, selon ses propres termes "avait l’air très propre".

Pas si propre que ça car de retour en Australie, la jeune femme commence à souffrir de fortes fièvres. "Il a fallu un an aux docteurs pour comprendre de quelle infection je souffrais. Le temps qu’ils l'identifient, l’os de mon pied avait été entièrement mangé et j’étais constamment malade", raconte-elle. Réalisant finalement que Victoria est atteinte de la maladie de Schwelmenella, une infection provoquée par un insecte présent en Thaïlande qui ronge les os et s’était infiltré dans les plaies chirurgicales de l’Australienne, les médecins lui amputent ce qui lui restait du gros orteil en décembre 2012. Malheureusement pour la jeune femme, sa terrible histoire ne s’arrête pas là.

En effet, l’amputation totale de son gros orteil entraîne de nouvelles infections. Les docteurs doivent donc lui amputer le second orteil. A partir de là, "j’ai été en bonne santé pendant deux ans", explique la jeune femme. "Je pensais avoir de la chance de toujours avoir un pied et de pouvoir continuer ma vie normalement. Mais j’ai commencé à retomber malade : chaque matin je vomissais et j’avais constamment de la fièvre mais les radios ne montraient aucun signe d’infection donc les médecins ont fini par me dire que tout était dans ma tête", se rappelle-t-elle. "Jusqu’à ce que mon médecin traitant demande des analyses de sang et là ils ont réalisé que j’avais en fait une autre infection de l’os et que j’avais beaucoup trop de cellules blanches dans le sang. C’est pour ça que je me sentais si mal".

Les autorités sanitaires mettent en garde contre les fish pédicures

En novembre 2016, les médecins lui enlèvent donc le troisième et le quatrième orteil. "Pour je ne sais quelle raison, ils m’ont laissé le petit", témoigne-t-elle. Mais "parce que le petit orteil était le dernier qu’il me restait, je n’arrêtais pas de le cogner et quand je marchais, toute la pression était concentrée sur lui". "L’année dernière, je me suis rendue compte qu’il avait une tête bizarre et qu’il y avait du liquide dans ma chaussette mais je ne voyais aucune coupure. Après de nouvelles et analyses et radios, les médecins ont découvert une autre infection de l’os et ont finalement coupé mon dernier orteil en novembre 2017".

Le cas de Victoria Curthoys n’est malheureusement pas unique. Début juillet, la revue JAMA Dermatology rapportait l’histoire d’une Américaine ayant perdu six ongles de pieds quelques mois après avoir fait une fish pédicure. "Bien que le mécanisme exact soit inconnu, il est probable que le traumatisme direct causé par le poisson qui mord plusieurs fois le plat de l’ongle entraîne sa chute", écrivait le médecin en charge de la patiente dans la revue.

Les autorités sanitaires mettent régulièrement en garde contre ces fish pédicures venues d’Asie et de plus en plus populaires en Occident. L'année dernière, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) avait rédigé un avis mettant en garde contre la fish pédicure. "Il s’agit d’une pratique qui n’a aucune indication médicale", écrivaient les experts, recommandant de ne plus utiliser la "fish therapy" car elle induit, selon eux, "une efficacité thérapeutique médicale" non prouvée.

Par ailleurs, en 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait déjà évalué les risques de transmission de maladies dans ses soins. Résultat : "Des cas d’infections bactériennes liées aux pratiques de l’aquariophilie et de la pédicurie ont été décrits", notait l’agence, expliquant que les bacs n’étaient jamais désinfectés. Et de conclure : "Certains usagers (diabétiques, immunodéprimés, ou ayant des lésions cutanées aux pieds) constituent une population sensible à risque plus important d’infection".