La variole du singe inquiète le Royaume-Uni. Trois jours après avoir annoncé un premier cas d’orthopoxvirose simienne sur son territoire, le ministère de la Santé britannique a fait état d’un second mardi 11 septembre. Les deux patients ne semblent pas avoir de lien entre eux, ce qui est très étrange, cette infection rare et dangereuse venant d’Afrique de l’Ouest et Centrale.
Le premier malade a probablement attrapé le virus au Nigeria dont il est originaire avant de revenir au Royaume-Uni où il est tombé malade, expliquent les autorités britanniques dans un communiqué. Il a été diagnostiqué la semaine dernière et a ensuite été transféré à l’unité infectieuse du Royal Free Hospital de Londres. Le second patient, qui revient également d’un voyage au Nigeria, s’est d’abord rendu à l’Hôpital Blackpool Victoria, dans le Lancashire, avant d’être transféré au Royal Liverpool University Hospital où il a également été diagnostiqué comme porteur du virus en début de semaine.
"Nous savons qu’en septembre 2017, le Nigeria a été confronté à une épidémie contenue de variole de singe et depuis des cas ont continué à être reportés de manière sporadique", a déclaré le Dr Nick Phin, député directeur du Service National d’infection aux Services de Santé anglais. Entre septembre et décembre 2017, 61 cas tout de même ont été confirmés dans ce pays.
"Il y a des chances que la variole du singe continue à circuler au Nigeria et pourrait donc affecter les voyageurs qui reviennent de cette partie du monde" a-t-il expliqué, ajoutant que bien que le risque de contamination générale était très faible, c’était étrange de rapporter deux cas de ce genre en aussi peu de temps. "Nous travaillons dur afin de contacter les individus, dont les professionnels de santé, qui ont pu être en contacte avec les patients afin de les informer et de les accompagner si besoin".
Un risque de transmission interhumaine très faible
Comme son nom l’indique, la variole du singe est relativement similaire à la variole et se transmet à l’humain via un contact avec des singes infectés par des plaies ou des muqueuses. Sa période d’incubation va de cinq à 21 jours. Le malade se plaindra le plus souvent de maux de tête, de fièvre, de courbatures, de fatigue et d’un enflement des ganglions lymphatiques. Il arrive également que certains patients souffrent d’une infection bactérienne secondaire de la peau et des poumons.
Fort heureusement, le risque de transmission interhumaine est faible (8 à 9%) et le patient se débarrasse le plus souvent de l’infection de lui-même entre deux à cinq semaines. En Afrique, sa mortalité se situe toutefois entre 4 à 22%, les enfants étant les plus vulnérables.
Sur ce continent, la maladie humaine est observée de manière sporadique et parfois endémique. C’est en République démocratique du Congo (alors Zaïre) que la maladie a été observée pour la première fois en 1970. Dans les années qui ont suivies, d’autres cas ont été observés en Afrique de l’Ouest (Liberia, Sierra Leone, Nigeria, Côte d’Ivoire…). Mais la majorité des épidémies connues ont eu lieu en République démocratique du Congo où des foyers naissent souvent depuis les années 80, sans doute en raison de l’arrêt de la vaccination contre la variole à cette époque.
Pas de vaccin contre la variole du singe
En 2003, une épidémie est également survenue aux Etats-Unis (71 cas dont 35 confirmés), probablement en raison de l’importation depuis le Ghana de plusieurs espèces de rongeurs sauvages qui auraient contaminés des chiens de prairie à l’origine de l’épidémie humaine. Les autorités fédérales de santé américaines avaient alors interdit l’importation de tous les rongeurs africain.
A l’heure actuelle, il n’existe malheureusement pas de traitement ou de vaccin spécifique contre l’orthopoxvirose simienne. S’il avait été prouvé dans le passé que la vaccination contre la variole était efficace à 85% pour la prévention de cette maladie, elle n’est plus disponible pour le grand public depuis l’éradication mondiale de la variole. Aussi, aujourd’hui, le seul moyen pour réduire le nombre d'infections chez l’humain est de le sensibiliser aux facteurs de risques et de l’informer des mesures à prendre pour endiguer les flambées.
Les autorités publiques recommandent donc de porter des gants et d’autres vêtements quand on manipule des animaux malades ou pendant les opérations d’abattage. Quant aux humains infectés, il faut éviter tout contact physique rapproché avec eux et porter des gants et un équipement de protection quand on leur rend visite.