Aux Etats-Unis, environ 15 millions d’enfants souffrent de lourds problèmes de santé nécessitant des soins adaptés et une présence quotidienne à leur côté. Les personnes s’occupant d’eux sont à 72% des femmes et un grand nombre d’entre elles développent des dépressions en raison de la pression engendrée par leur mission. Mais d’après des chercheurs de l’Université de Louisville (Kentucky), la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pourrait aider ces femmes à faire face de façon significative. Ils ont présenté les résultats de leur étude lors du Congrès sur l’Avancement des Sciences Infirmières qui se tient du 13 au 15 septembre à Washington D.C.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université de Louisville ont travaillé avec 94 femmes s’occupant d’enfants avec des lourds problèmes de santé et présentant des symptômes dépressifs conséquents. Ils les ont assignées dans différents groupes où elles ont suivi une TTC pendant 45 à 60 minutes et ont pratiqué des exercices de relaxation. Résultats : après cinq sessions, les participantes ont dit avoir moins de pensées négatives et se sentir moins stressées. Elles ont aussi rapporté une meilleure qualité de sommeil.
La TCC, également pratiquée en France, par des psychologues et des psychiatres, est une thérapie brève, validée scientifiquement qui porte sur les interactions entre pensées, émotions et comportements. Elle se concentre sur les problèmes actuels du patient tout en prenant compte de son passé et l’aide à identifier les mécanismes à l’origine de ses difficultés afin d’expérimenter de nouveaux comportements. Le but étant de pousser la personne à sortir progressivement des cercles vicieux dans lequel elle était enfermée.
Des femmes isolées du reste du monde
"Les femmes qui s’occupent d’enfants souffrant de problèmes tels que la paralysie cérébrale ou la fibrose kystique ont de grands risques de développer des symptômes dépressifs", explique Lynne Hall, qui a participé à la recherche. "Elles ont beaucoup de choses à gérer : s’occuper de l’enfants, leur donner leurs médicaments, coordonner les visites des médecins et des thérapeutes... Elles sont stressées et surmenées en raison de l’attention permanente que l’enfant requiert et du nombre d’heures par jour que cela prend", développe-t-elle.
"Beaucoup de ces femmes nous ont dit qu’elles se sentaient très isolées et que personne ne les écoutait", renchérit Catherine Batscha, qui a traité les patientes de l’étude. "En raison de l’attention dont l’enfant a besoin, elles ont des difficultés à voir leurs amis car elles ne peuvent pas engager de baby-sitters, ces dernières n’ayant pas l’équipement médical adapté et ne connaissent pas assez la situation de l’enfant. Ces femmes sont donc coupées de toute vie sociale qui pourrait les aider".
En France, les autorités sanitaires alertent régulièrement sur la situation des aidants (8,3 millions dans l’Hexagone) qu’ils soient familiaux ou professionnels. En 2003, l’Association Française pour les Aidants a été créée afin de militer pour la reconnaissance de leur rôle et de leur place. "Elle oriente et soutient les aidants localement notamment via l’animation du Réseau national des Cafés des Aidants et la mise en place d’Ateliers santé des Aidants, assure des formations sur les questions liées à l’accompagnement pour les proches aidants et les équipes professionnelles, diffuse l’information, développe des partenariats et participe à la construction d’outils pour mieux appréhender les attentes et les besoins des aidants", détaille-t-elle sur son site internet officiel.