Capnocytophaga canimorsu est à l’origine de trois décès en France entre février 2017 et avril 2018, expliquent les scientifiques dans leur étude parue en juin dans la revue papier Médecine et maladies infectieuses. Le taux de mortalité en cas d'infection est estimée entre 30% et 60% en cas de survenue d’un choc septique quand le patient n’est pas traité à temps. Alors même qu’une plaie par morsure n’a pas l’air inquiétante, toute infection ayant lieu dans les 48 à 72 heures suivantes nécessite une consultation médicale en urgence.
L’Américain Greg Manteufel a ainsi commencé par par avoir de la fièvre et vomir. Jusque là, ses symptômes ne l'ont pas plus inquiété que ça. Mais le lendemain, son état s'est brusquement aggravé. Alors que sa fièvre avait augmenté, Greg Manteufel était également victime de crises de délire et d'hallucinations. Sa femme Dawn Manteufel l'a aussitôt transporte à l'hôpital le plus proche.
Son corps était recouvert d'ecchymoses
Sur place, les médecins ont découvert que son corps était recouvert d'ecchymoses. Des marques qui n'étaient pas encore là lorsque le couple avait quitté leur domicile quelques minutes plus tôt. Malgré un traitement antibiotiques, son état empire. Des caillots se sont formés dans ses veines et empêchent l'afflux sanguin d'alimenter les extrémités de son corps. Ses tissus meurent peu à peu. En quelques jours seulement, Greg Manteufel est amputé de ses bras et ses jambes, afin que l'infection ne se propage pas vers les organes vitaux.
The shocking reason that this man’s legs and hands were amputated: A dog’s saliva https://t.co/SSz9LBghaG
— Washington Post (@washingtonpost) 1 août 2018
En avril dernier, des médecins rapportaient dans la revue Science Direct "l’observation d’un patient de 54 ans, sans antécédent, vivant à proximité d’un chien, ayant présenté un choc septique avec purpura fulminans fatal en rapport avec une infection à C. canimorsus, sans notion évidente de morsure ni de 'léchage' de plaie". Ce cas rappelle "l’extrême gravité potentielle des rares septicémies à C. canimorsus et illustre le fait que ceci est possible sans contexte d’immunodépression et sans notion d’inoculation", avaient-ils écrit.
Décédé 48h après son hospitalisation
En février dernier, The Lancet relatait également le cas d'un Français de 47 ans qui, mordu par son chien, avait été victime de symptômes similaires. Alors que le traitement antibiotiques prescrit par son médecin ne faisait pas diminuer sa fièvre et qu'il était victime de plusieurs malaises, le patient a été hospitalisé au Centre hospitalier intercommunal de Fréjus – Saint-Raphaël. Les médecins diagnostiquent alors la même infection des tissus des doigts que Greg Manteufel. Le patient est décédé 48h après son hospitalisation.
Hébergé dans la flore gingivale de nombreux chiens et chats, mêmes ceux en bonne santé, la bactérie Capnocytophaga canimorsus momentanément peut se transmettre à l'Homme par morsure, léchage ou simplement par proximité avec les animaux. Selon Le Monde, "une infection à C. canimorsus est associée à une morsure de chien dans 60% des cas, à un léchage sur une lésion cutanée préexistante dans environ 30% des cas". Et bien que méconnue, cette infection peut entraîner des pathologies graves chez certaines personnes.
Les symptômes apparaissent un à huit jours après l'exposition à la bactérie mais sont généralement présents dès le deuxième jour. Les patients se plaignent souvent d'une combinaison variable de manifestations parmi lesquelles une fièvre, des vomissements, diarrhées, malaises, douleurs abdominales, myalgies, confusions ou encore, migraines. Des cas plus sévères ont été publiés, faisant état d'endocardite, de coagulation intravasculaire disséminée et de méningite.