Une étude menée par le Boston Children's Hospital et le National Institute of Mental Health (NIMH) pourrait ouvrir de nouvelles possibilités de traitement de la douleur neuropathique. Ce type de douleur chronique est difficile à traiter, notamment en raison des dommages au système nerveux, qui peuvent rendre le moindre toucher extrêmement douloureux.
Dans leur rapport, des scientifiques, dirigés par Zhi gang et Clifford Woolf (F.M. Kirby Neurobiology Center de Boston Children's), démontrent que les neurones qui prennent naissance dans le cortex du cerveau influencent la sensibilité du toucher. Ce circuit pourrait aider à expliquer pourquoi les "techniques corps-esprit" conçues pour contrôler la douleur aident de nombreuses personnes.
Un contrôle du volume de la douleur dans le cerveau
"Nous savons que les activités mentales du cerveau supérieur - cognition, mémoire, peur, anxiété - peuvent faire ressentir plus ou moins de douleur", argumente Clifford Woolf. "Nous avons maintenant confirmé une voie physiologique qui pourrait être responsable de l'ampleur de la douleur. Nous avons identifié un contrôle du volume de la douleur dans le cerveau. Maintenant, nous devons apprendre à l'éteindre."
Auparavant, on pensait que la sensation de douleur provenait des neurones de la moelle épinière, qui recevaient des informations sensorielles du corps et les transmettaient au cerveau. Cette nouvelle étude a révélé qu'un petit groupe de neurones dans le cortex peut amplifier la sensation tactile, envoyant des projections aux mêmes parties de la moelle épinière, qui reçoivent des informations sensorielles tactiles du corps.
Neurones inhibiteurs
"L'anatomie de ce circuit est connue depuis un certain temps, mais personne ne s'était jamais penché sur sa fonction auparavant", explique Clifford Woolf.
"Dans des conditions normales, les couches tactiles et douloureuse de la moelle épinière sont fortement séparées par des neurones inhibiteurs", décrit Alban Latremoliere, co-auteur de la recherche. "Après une lésion nerveuse, cette inhibition est perdue, ce qui conduit à une information tactile activant les neurones de la douleur. Quand les neurones de la colonne vertébrale, qui sont censés être douloureux, envoient cette information au cerveau, nous ressentons la douleur."
Briser la chaine de réactions
L’équipe pense que les neurones corticaux qu’elle a identifiés pourraient être une cible potentielle pour le traitement de la composante tactile de la douleur neuropathique, via des médicaments ou une stimulation électrique cérébrale. Le but serait de briser la chaine de réactions qui introduit et exagère la réponse de la douleur au toucher normalement indolore.
Lorsque l'équipe a désactivé ces neurones, les souris testées ont cessé de reculer face à des contacts doux, comme la caresse d’un pinceau sur une patte. Les animaux ont en revanche conservé leur sensibilité aux stimuli vraiment douloureux, en retirant leurs pattes lorsqu'elles étaient exposées à la chaleur, au froid ou aux piqûres d'épingle.
"Nous avons maintenant la capacité de faire taire ou d'activer des groupes entiers de neurones et d'imaginer leurs schémas d'allumage électrique avec une résolution à un seul neurone. Rien de tout cela n'était possible il y a 10 ans", conclut Clifford Woolf.