"Pour moi, un nouveau traitement contre la maladie d’Alzheimer verra probablement le jour d’ici 2020", estime avec prudence le Dr Stéphane Epelbaum, neurologue spécialiste de la maladie d’Alzheimer à la Pitié Salpêtrière et chercheur à l’ICM. "Depuis 20 ans, on n’a pas trouvé de nouveau médicament contre la maladie d’Alzheimer. Mais cela ne veut pas dire que les essais ne nous ont rien appris, au contraire. Au cours des trois dernières années, plusieurs études on donné des résultats très encourageants concernant les plaques amyloïdes. J’ai de grands espoirs dans la phase 3 de l’une d’entre elle, qui se termine en 2020, justement", argumente-t-il sur le plateau de Jean-François Lemoine (voir la vidéo ci-dessous).
Plaques amyloïdes
Pour bien comprendre l’enjeu de ces études, rappelons que la protéine bêta-amyloïde est le composant principal des plaques amyloïdes, un agrégat protéique que l'on retrouve dans les neurones de personnes développant certaines maladies neurodégénératives, dont la maladie d’Alzheimer. La présence de plaques amyloïdes diminuerait notamment la communication entre les neurones.
Partant de ce postulat, les approches actuelles de détection précoce de la maladie d'Alzheimer reposent sur la classification des individus comme "positifs" ou "négatifs" en fonction de la normalité de ce biomarqueur. Si il est anormal, les dernières thérapies visent à essayer de dissoudre les plaques amyloïdes, pour l’instant sans succès.
Nécessité d'une intervention précoce
Selon une étude de Stephanie Leal et William Jagust, une des causes de cet échec serait que la médecine interviendrait encore trop tardivement. Les chercheurs viennent de démontrer que l'accumulation de la protéine bêta-amyloïde commence très lentement, des années avant que les biomarqueurs ne deviennent anormaux. Ces résultats confirment ainsi la nécessité d'une intervention précoce contre la maladie d’Alzheimer, et ce même chez les personnes ayant été classées comme "négatif". "Le nouveau traitement, s’il voit le jour, ne concernera donc malheureusement pas les patients qui souffrent de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé", explique le Dr Stéphane Epelbaum.
Un test sanguin pour diagnostiquer Alzheimer 15 ans avant ?
En avril dernier, des chercheurs ont mis au point un nouveau test sanguin qui pourrait permettre de dépister des protéines anormales circulant dans le sang au tout début du processus pathologique et 15 à 20 ans avant le diagnostic habituel. Aujourd’hui, les outils de détection de la maladie d’Alzheimer se limitent à des examens coûteux ou invasifs : la tomographie par émission de positrons (TEP) et la ponction de liquide céphalo-rachidien.
De plus, ils ne permettent qu'un diagnostic déjà assez tardif. La mise au point d’un biomarqueur sanguin peu invasif pour le dépistage des stades précliniques s’avérait donc cruciale. Ce nouveau biomarqueur plasmatique permet l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer avec une sensibilité de 71% et une spécifique de 91%. Il pourrait également permettre d’identifier les personnes à risque de développer une maladie d’Alzheimer, de présélectionner les individus devant subir une ponction lombaire ou une analyse par TEP, et d’éliminer les sujets faussement positifs.
Aujourd’hui en France, la maladie d’Alzheimer touche directement ou indirectement 3 millions de personnes, et près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. D’ici 2020, si la recherche ne progresse pas, l’Hexagone comptera 1 200 000 personnes malades.