Cent-deux personnes souffrant de lupus ont été randomisées pour recevoir de l'ustekinumab ou un placebo. À la 24e semaine, une majorité des 60 patients du groupe ustekinumab (37 (62%)) a eu une réponse objective contre seulement 14 (33%) des 42 patients du groupe placebo, avec une différence significative entre les groupes (p = 0.006).
Il y a eu un peu plus d’évènements indésirables dans le groupe ustekinumab, 47 patients (78%) sur 60 contre 28 (67%) sur 42 dans le groupe placebo. Les infections étaient le type le plus courant d'événement indésirable dans le groupe ustekinumab (27 [45%]) comme dans le groupe placebo (21 [50%]). Aucun décès ni aucune infection opportuniste liée au traitement, zona, tuberculose ou tumeur maligne n’ont été observées pendant les 24 semaines de l’étude.
Cette étude est publiée dans la revue The Lancet.
IL-12/23, une cible importante dans le lupus
Le lupus est une maladie auto-immune avec des dysrégulations qui concernent de nombreuses protéines (interleukines) de la cascade de l’inflammation. Plusieurs sous-groupes de malades existent au sein de l’entitié nosologique du lupus, ce qui rend cette maladie hétérogène et plus complexe à appréhender. Jusqu’ici, la plupart de straitements ciblés essayé n’amélioraient que de petits groupes de malades.
L'ustekinumab est un anticorps monoclonal ciblant l'interleukine l'IL-12/23 qui est approuvé par ailleurs dans le traitement du psoriasis en plaques, du rhumatisme psoriasique et de la maladie de Crohn. Les interleukines IL-12 et IL-23 ont été impliquées dans la pathogénie du lupus érythémateux disséminé.
Devant la toxicité du traitement conventionnel et les résultats mitigés des traitements anti-lymphocytes B, les auteurs ont cherché à tester l'efficacité et l'innocuité de l'ustekinumab dans le traitement du lupus érythémateux disséminé chez des malades souffrant d’une forme modérée à sévère de la maladie lupique malgré un traitement conventionnel bien mené.
Un essai de faisabilité prometteur
Il s'agissait d'un essai clinique de phase 2, multicentrique, randomisé en double aveugle, réalisé chez des malades adultes souffrant de lupus érythémateux disséminé actif.
Les malades ont reçu soit une perfusion intraveineuse d'ustekinumab ajustée au poids (260 mg pour les patients pesant de 35 à 55 kg, 390 mg pour les patients pesant plus de 55 kg et moins de 85 kg et 520 mg pour les patients pesant plus de 85 kg), suivis d'injections sous-cutanées toutes les 8 semaines, soit des perfusions d’aspect identique mais de placebo.
Le critère d’évaluation principal était la proportion de patients ayant obtenu une réponse d’au moins 4 (SRI-4) et le critère secondaire était le critère composite internationalement validé, SLEDAI-2K, à la semaine 24.
Un essai de validation en cours
Le lupus érythémateux disséminé est une maladie auto-immune assez fréquente, en particulier chez les femmes jeunes, et potentiellement grave. Les traitements actuellement disponibles sont efficaces mais parfois grevés d’une toxicité certaines et, une seule nouvelle molécule a été approuvée dans cette maladie en presque 60 ans. Il était donc nécessaire de trouver de nouvelles options.
Les résultats de cette étude préliminaire appuient fortement l’intérêt de cibler l’interleukine 12/23 dans le lupus et le développement ultérieur de l'ustekinumab en tant que nouveau traitement du lupus érythémateux disséminé. Il convient en particulier de vérifier l’intérêt de cette molécule chez les malades atteints de néphrite lupique.
Pour mémoire, en touchant différents organes majeurs du corps (reins, cœur, cerveau…), le lupus reste l'une des principales causes de décès chez les femmes jeunes.