Une récente étude menée par des chercheurs danois et britanniques a prédit que près d’un quart de la population mondiale (22%) sera obèse en 2045 si rien ne change. Aux États-Unis, ce chiffre est déjà à un niveau bien supérieur avec 39% de la population qui est obèse. Pour autant, la lutte contre l’obésité est devenue une priorité nationale avec les premières baisses enregistrées depuis dix ans.
Objectif : changer les habitudes alimentaires sur le long terme
Dans une étude publiée dans le American Journal of Preventive Medicine, les chercheurs de l’Université de Médecine de Northwestern à Chicago (États-Unis) ont montré qu’avec des conseils nutritionnels appropriés, il est possible de réduire la prise de poids chez les femmes enceintes obèses ou en surpoids sans danger pour elle ou pour le bébé. Un résultat qui va à l’encontre des habitudes des obstétriciens qui sont plutôt réticents à demander aux femmes enceintes de limiter leur alimentation.
Le professeur de médecine Linda Van Horn qui a dirigé l’étude explique ainsi : "l’objectif n’est pas de favoriser la perte de poids pendant la grossesse mais de contrôler la prise de poids en développant des habitudes alimentaires saines et en augmentant l’activité physique qui pourrait être maintenu à long terme".
Des femmes encadrées par un nutritionniste
Les risques encourus par les femmes obèses ou en surpoids enceintes sont plus élevés que les femmes enceintes en bonne santé si elles prennent du poids pendant leur grossesse. Elles risquent ainsi de développer du diabète, la pré-éclampsie, de faire de l’hypertension et d’avoir des anomalies congénitales.
Pour cela, les chercheurs ont sélectionné 281 femmes obèses ou en surpoids enceintes, âgées entre 18 et 45 ans, et les ont divisées en deux groupes. Les femmes du premier groupe étaient suivies par un nutritionniste qui contrôlait leur apport calorique journalier, les encourageaient à effectuer au moins trente minutes de marche par jour ou 10 000 pas et leur envoyaient des SMS, mails ou leur passaient des appels téléphoniques pour les motiver. Le régime alimentaire était adapté au cas par cas en fonction des besoins et les femmes devaient rendre compte de leur alimentation via une application pour smartphone.
Une prise de poids limitée pendant la grossesse
Les membres de ce groupe ont alors moins dépassé les recommandations de l'Académie nationale de médecine pour la prise de poids chez les femmes obèses et en surpoids (68,6% contre 85% pour l’autre groupe), limitant la prise de poids entre 4 et 11 kilos, contre 11 et 15 kilos dans l’autre groupe. Elles ont toutes donné naissance à des enfants en bonne santé et elles aussi étaient en bonne santé après l’accouchement.
L’étude a cependant livré un autre résultat, cette fois inattendu : un taux de césarienne plus élevé chez les femmes qui ont été suivi par un nutritionniste. Les chercheurs ne savent pas encore pourquoi.
Prochaine étape : savoir si cela peut empêcher les enfants de devenir obèses
"Nous devons aider ces femmes, qui constituent la majorité des grossesses aux États-Unis, à tirer parti de cette opportunité unique pendant leur grossesse pour adopter un régime alimentaire et un plan de vie plus sains qu'elles peuvent suivre pendant la grossesse et, espérons-le, après l’accouchement", conclut l’auteure principale de l'étude, Linda Van Horn. "Ces résultats sont prometteurs pour exploiter la technologie moderne afin d'aider une mère à atteindre ces objectifs."
La prochaine étape pour ces chercheurs sera de savoir si les enfants des mamans obèses ou en surpoids mais qui ont restreint leur prise de poids pendant la grossesse vont avoir un risque réduit de devenir eux aussi obèses ou en surpoids. Actuellement, un enfant qui naît d’une maman obèse ou en surpoids a 50% de chance de le devenir. Un chiffre qui grimpe à 75% si les deux parents sont obèses ou en surpoids.