Après son accident de motoneige en 2013, Jered Chinnock, un Américain de 29 ans blessé à la moelle épinière au niveau des vertèbres thoraciques, n’était pas destiné à remarcher. Une perte fonctionnelle complète lui avait été diagnostiquée, ce qui signifiait qu’il ne pouvait ni bouger, ni même sentir son corps de la pointe des pieds au milieu du torse.
Une étude réalisée dans le cadre d’une collaboration de recherche entre la Clinique Mayo à Rochester dans le Minnesota et l’Université californienne UCLA, lui a pourtant permis de retrouver brièvement l'usage de ses jambes. Une première mondiale détaillée dans la revue Nature Medecine.
Jered Chinnock a d’abord suivi 22 semaines de physiothérapie, avant de se faire implanter une électrode dans l'espace péridural, c'est-à-dire en-dessous de la zone blessée de sa colonne vertébrale. Cette électrode, connectée à un simulateur implanté sous la peau de son abdomen, communiquait sans fil avec un boitier externe.
113 séquences de rééducations
Il a ensuite participé à 113 séances de rééducation, au cours desquelles il marchait à l'aide d’un déambulateur, puis sur un tapis roulant en se tenant en équilibre grâce à ses bras. D’abord soutenu par un harnais et guidé par des entraineurs qui lui indiquaient comment placer ses genoux et ses hanches, il a pu, après la 25ème semaine, avancer sans aide. A la fin de l'étude, il pouvait utiliser tout son corps pour maintenir son équilibre et se propulser vers l’avant. Au final, le patient aura marché 16 minutes pour un total de 102 mètres, soit l’équivalent d’un terrain de foot.
Mais lorsque la stimulation est désactivée, Jered Chinnock reste paralysé. "Ce que cela nous apprend, c'est que ces réseaux de neurones situés sous une lésion de la moelle épinière peuvent encore fonctionner après une paralysie ", explique Kendall Lee, M.D., Ph.D., co-chercheur principal, neurochirurgien et directeur des laboratoires la clinique Mayo.
Une recherche pleine d’espoir
Si les résultats de cette étude sont spectaculaires, Jered Chinnock est donc pour le moment toujours contraint de se déplacer en fauteuil roulant. "Maintenant, je pense que le vrai défi commence : c'est de comprendre comment cela s'est produit, pourquoi cela s'est produit et quels patients y répondront", a déclaré Kristin Zhao, Ph.D., co-chercheuse principale et directrice du Laboratoire de technologie d'assistance et de restauration de la clinique Mayo. "L'étude montre que le système nerveux central peut s'adapter après une blessure grave, et qu'avec des interventions comme la stimulation péridurale, on peut regagner un certain contrôle des fonctions motrices", ajoute le Dr Zhao, lors d’une conférence de presse relayée sur le site d’LCI.
Rappelons également que cette étude au long cours ne portait que sur un seul patient : "il faut poursuivre la recherche dans ce domaine pour mieux comprendre qui peut bénéficier de ce type d’intervention", a conclu le médecin.