Ce drame, survenu en mars 2014 en Ecosse, fait froid dans le dos. A l'époque enceinte de 25 semaines, Laura, une jeune femme de 30 ans, se présente à l'hôpital Ninewells de Dundee. Son col de l’utérus est très peu dilaté. Son bébé, prématuré, a un rythme cardiaque anormalement lent, et ne s’est pas retourné.
Malgré tous ces éléments et l'avis de ses collègues en faveur d'une césarienne, la Dr Vaishnavy Vilvanathan Laxman décide d'accoucher sa patiente par voie basse. "On ne m'a donné ni gaz ni air - j'avais mal. Les médecins mettaient leurs mains à l'intérieur de moi et me poussaient sur le ventre", racontait récemment la patiente au tribunal. "J'ai essayé de quitter le lit, mais ils m'ont tiré trois fois en arrière et m'ont dit qu'ils devaient sortir le bébé. Ils ont essayé à deux reprises de me couper le col de l'utérus et personne ne m'a dit qu'ils allaient le faire. Il n'y avait pas d'anesthésie. Je leur ai dit : Ça ne va pas, arrêtez, je ne veux pas le faire."
"Mon fils était toujours en moi mais son corps reposait sur une table"
Interviewée par la BBC, Laura raconte aujourd'hui : "Je n'arrêtais pas de me dire que quelque chose n'allait pas". Après 25 minutes, "j'ai senti un pop". La jeune femme pense que son petit garçon est enfin né, mais la stupéfaction gagne l'équipe médicale et Laura est aussitôt anesthésiée. A son réveil, l'obstétricienne lui annonce que son bébé est mort né et lui présente ses excuses. "Je lui ai dit que je lui pardonnais car à ce moment je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé". Finalement, elle découvre que la tête de son fils est restée bloqué dans son col de l’utérus trop peu dilaté et que le médecin a tellement tiré que le petit est né décapité. Deux autres médecins ont ensuite pratiqué une césarienne afin de sortir la tête, qui a été "recousue" sur le corps du bébé pour que la jeune mère puisse lui faire ses adieux. "Mon fils était toujours en moi mais son corps reposait sur une table".
Les experts du Medical Practitioners Tribunal ont entendu les deux parties : selon eux, la décision de la médecin d'accoucher l'enfant par vois basse "a enclenché une suite d'événements qui ont causé la décapitation du bébé". "Compte tenu des risques", la Dr Vaishnavy Vilvanathan Laxman aurait dû pratiquer une césarienne. Pour autant, cette dernière n'a pas été reconnue coupable de sa mort, puisque le bébé était déjà décédé in-utero. La justice a donc refusé de jugée l'obstétricienne pour meurtre ou accident ayant entraîné la mort. "C'est comme si on me disait que mon fils n'a jamais existé", témoigne Laura.
Un drame similaire au Brésil
Un drame similaire s'est déroulé mardi 15 mai 2012 à l'hôpital Santa Isabel, dans le nord d'Aracaju, au Brésil. Là-aussi, le bébé avait les épaules coincées dans le vagin de sa mère et en tirant, les médecins ont décroché sa tête. La mère a alors aussitôt été emmenée en salle de chirurgie afin de subir une césarienne dans le but de retirer en urgence le reste du corps de l'enfant.
Y a-t-il un risque en France ?
Normalement, ces cas de décapitation du bébé à la naissance, heureusement extrêmement rares, ne peuvent pas avoir lieu en France. La Haute autorité de santé (HAS) a en effet recensé les situations cliniques pouvant entraîner une césarienne programmée : l’utérus cicatriciel, la grossesse gémellaire, la présentation par le siège, la macrosomie*, la transmission mère-enfant d’infection maternelle, les indications plus rares (placenta praevia recouvrant par exemple).
Pour chacune d’entre elles, la HAS a redéfini les indications de césariennes programmées et celles qui doivent orienter vers un accouchement par voie basse. Si la femme enceinte présente des éléments médicaux autres que ceux mentionnés dans la recommandation, le choix doit se faire à partir de l’analyse de la balance bénéfices-risques pour la mère et pour le fœtus.
7% des accouchements se font par césarienne en France, mais le taux peut grimper jusqu'à 43% dans certaines régions, ce qui constitue au total plus de 100 000 interventions par an.