L’albuminurie, qui permet de savoir si on souffre d’une maladie rénale, serait aussi un marqueur d'évolution de bronchite chronique obstructive (BPCO), selon une nouvelle recherche. La directrice de l’essai Elizabeth C. Oelsner et son équipe ont recoupé les données de six études sur le sujet, regroupant 31 877 participants au total (âge moyen : 60 ans). C’est la première fois qu’une étude à si grande échelle est réalisée sur le sujet.
L’albuminurie indique qu’il y a une lésion de la couche de cellules tapissant les vaisseaux sanguins du rein, connue sous le nom "d'endothélium". "Nous voulions savoir si l'albuminurie, un test clinique simple, non invasif et couramment utilisé, pouvait servir de marqueur d'un risque accru de développer des maladies chroniques des voies respiratoires, comme la bronchite chronique obstructive et l'asthme", explique Elizabeth C. Oelsner (Columbia University).
15 ans de suivi en prospectif
Les chercheurs ont exclu de l’étude les participants qui souffraient déjà d’asthme ou de bronchite chronique. Les évolutions de la fonction pulmonaire des personnes de la cohorte ont été suivies pendant 6 ans. Les hospitalisations et la mortalité dues à des problèmes respiratoires ont été analysées en moyenne pendant 15 ans.
Résultat : les risques d'hospitalisation ou de mortalité liées à une bronchite chronique obstructive (BPCO) ont augmenté de 26% chez ceux dont le taux d’albumine dans les urines était le plus important. Les données se sont révélées similaires chez fumeurs et les non-fumeurs. L’asthme n'est, en revanche, pas associé aux taux d’albumine de manière significative.
Une constellation de problèmes vasculaires
Les chercheurs ont constaté que ces associations demeuraient importantes même après avoir tenu compte des antécédents de tabagisme, de diabète, d'hypertension ou de maladies cardiovasculaires. "Notre étude aide à expliquer pourquoi les patients atteints de BPCO présentent souvent une constellation de problèmes vasculaires, y compris des maladies cardiaques et rénales", conclut le Dr Oelsner. L'albuminurie serait ainsi un index du risque d'évolution vers une BPCO et ses maladies cardiovasculaires associées.
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie chronique inflammatoire qui touche les bronches et qui s'associe à de nombreuses maladies cardiovasculaires. Elle progresse lentement et devient invalidante, se caractérisant par une diminution progressive du souffle. Largement sous-estimée, elle touche probablement plus de 3,5 millions de personnes, soit 6 à 8% de la population adulte française. Responsable de 3% des décès en France, la BPCO pourrait être en France, la 4ème cause de mortalité en 2030.