Le procès des laboratoires Servier pour « tromperie aggravée » dans l'affaire du Mediator reprend ce mardi 21 mai devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Le patron du deuxième laboratoire pharmaceutique français ainsi que quatre anciens cadres de la société, et de sa filiale Biopharma, auront face à eux plus de 700 parties civiles qui attendent réparation dans ce procès.
Concernant l'indemnisation de ses victimes, la charge incombe à l''Office national d'indemnisation des accidents médicaux. L'Oniam a chargé un collège d'experts indépendants de traiter les nombreux dossiers. Souvent critiqué pour sa lenteur, et son intransigeance dans l’examen des dossiers, le collège semble aujourd'hui avoir en partie rectifié le tir.
En effet, début février 2013, les experts de l'Oniam reconnaissaient avoir rendu en 1 an 836 avis sur les 7500 dossiers déposés par les victimes. De plus, le taux d'indemnisation restait très faible avec seulement 64 avis favorables (7,6%). L’équation avait fait bondir les associations de victimes du Mediator.
A la date du 21 mai, le collège a traité 1279 dossiers sur les 7935 reçus soit 400 de plus en trois mois. « Le rythme de traitement des dossiers s'est sensiblement accéléré » reconnaît Erik Rance, le directeur de l'Oniam. Par ailleurs, parmi ces dossiers déjà traités, 152 avis favorable d'indemnisation ont été rendus, soit un taux de près de 12% d'indemnisation pour les victimes.
Près de 90% des dossiers examinés restent toujours rejetés. Sur ces 992 dossiers, 30% relevaient d'une pathologie, ni cardiaque, ni pulmonaire, et 45% d'entre eux présentaient des valvulopathies qui ont été considérées par les experts comme non imputables au Mediator. Il s'agissait dans ces cas de « sténoses aortique », autrement dit d'un rétrécissement de l'aorte, dont la cause n'était pas le médicament des laboratoires Servier. Enfin, 600 dossiers ont été rejetés, du fait de leur iniligibilité aux critères d'indemnisation de l'Oniam et 90 restent toujours en attente de pièces complémentaires.
Fin mars, la pneumologue brestoise Irène Frachon, à l'origine de la révélation de l'affaire du Mediator, estimait que les experts ne tenaient pas compte des études existantes pour les dossiers recevables. « Pour l'Oniam, sur les dossiers que nous avons pu étudier (82), le lien entre la prise de Mediator et les troubles constatés est reconnu dans moins de la moitié des cas, quand les études mettent en avant une probabilité de causalité supérieure à 90 % », affirmait la pneumologue. Et elle rajoutait, « c'est notamment vrai pour les atteintes les moins graves, celles pour lesquelles manquent des preuves physiques flagrantes ».