Si aujourd’hui, de plus en plus de personnes guérissent d’un cancer, cela s’accompagne souvent de conséquences marquées, y compris de nombreuses années après la fin des traitements. Conséquences physiques, psychologiques, financières, professionnelles et même sur les projets de vie… Tous les aspects du quotidien peuvent être affectés par le cancer qui, pour 73% des anciens malades récemment interrogés par l’Observatoire sociétal des cancers, a été "l’un des évènements les plus marquants de leur vie". Le rapport a été publié par La Ligue contre le cancer.
Les conséquences psychologiques et physiques sont celles qui impactent le plus et durent le plus longtemps. Il faut 10 à 15 ans pour voir ces conséquences diminuer, sans jamais complètement s’estomper. 17% des personnes interrogées qui exerçaient une activité professionnelle avant les traitements n’ont par exemple jamais repris le travail, et tout ne se passe pas pour le mieux pour les ex-patients qui parviennent à reprendre leur activité professionnelle.
"J’ai trouvé la reprise du travail très difficile"
"Quand j’ai repris le travail, j’avais le cerveau qui fonctionnait complètement au ralenti. Je ne sais pas si c’est la chimio qui grille les neurones, mais j’avais l’impression que ma mémoire n’était plus comme avant, je n’intégrais plus les trucs. Il m’a fallu beaucoup de temps pour que je me remette dans le rythme. J’ai trouvé la reprise du travail très difficile", raconte Martine, 15 ans après ses traitements.
Autre exemple, les frais occasionnés par la maladie ne s’arrêtent pas avec la fin des traitements. En effet, 1 personne sur 2 déclare avoir un reste à charge entre 2 et 5 ans après la fin des soins. Elles sont même encore presque 2 sur 10 à en déclarer plus de 25 ans après les thérapies.
Une pause dans la sexualité
Cela peut être les frais de transports pour les examens de suivi (26% des personnes ayant un reste à charge); des médicaments peu ou pas remboursés qui sont encore prescrits dans la période de l’après cancer pour prévenir ou soigner les effets indésirables (29%); des consultations avec des professionnels comme des psychologues, des diététiciens... (26%); des dépassements d’honoraires par exemple pour les opérations de reconstruction mammaire ou de changement d’implant mammaire plus de 10 ans après la fin des traitements (23%), ou encore des problèmes dentaires (18%).
Après l’annonce d’un cancer et bien plus encore après une ablation, beaucoup de femmes connaissent aussi une pause dans leur sexualité. "Le cancer du sein avancé est une maladie chronique, il y aura des moments où la sexualité sera mise à mal, où l’envie sera moins présente", explique Catherine Adler-Tal, onco-psychologue et onco-sexologue.
Conséquences en cascade sur tous les aspects de la vie
7% des personnes interrogées cumulent de très fortes conséquences en cascade sur tous les aspects de leur vie. Ce cumul touche en particulier les femmes, les personnes âgées de moins de 60 ans, les personnes qui ont eu plusieurs cancers, les personnes qui ont terminé leurs traitements depuis moins de 5 ans et les personnes qui ont souffert d’un cancer des voies aéro-digestives supérieures.
4 profils psychologiques d’ex-malades
La manière dont ces personnes ont vécu les changements intervenus dans leur vie après la maladie varie fortement. 13% estiment que "le cancer a détruit ma vie", 26% que "le cancer m’a forcé à prendre un nouveau départ" et 19% que "le cancer m’a permis de prendre un nouveau départ". Ainsi, 4 profils psychologiques d’ex-malades émergent : les personnes qui n’ont pas encore réussi à "tourner la page" ; les personnes qui mesurent mal ce qui leur est arrivé ; les personnes qui veulent retrouver leur vie d’avant et les personnes qui veulent aller de l’avant.