Les chercheurs du National Taiwan University Hospital de Taipei (Taiwan) ont examiné les mutations géniques associées au syndrome myélodysplasique chez 685 malades et ils les ont ensuite suivi pour évaluer l'effet de ces mutations sur la survie et pouvoir développer un score de risque de l'évolution de la maladie. Un élément essentiel pour déterminer le meilleur traitement avec le meilleur rapport bénéfice-risque pour chaque malade. L'étude est publiée dans la revue Mayo Clinic Proceedings.
Des mutations génétiques avec un rôle pronostique
Les chercheurs avaient précédemment identifié une mutation favorable, SF3B1, et des mutations défavorables, ASXL1 et RUNX1 : les mutations ASXL1 et U2AF1 compromettraient la réponse au traitement par les agents hypométhylants et par le lénalidomide, tandis que les malades porteurs de mutations SF3B1 seraient plus susceptibles de bénéficier du traitement par le lénalidomide.
Ils ont ainsi utilisé ces informations génétiques, avec des critères cliniques et cytogénétique pour développer un nouveau système pronostique : le "Mayo Alliance Prognostic System for myelodysplastic syndrome". En se basant sur ces critères, ils ont déterminés 4 catégories de malades : risque faible avec une espérance de vie à 5 ans de 73%, risque intermédiaire-bas avec une survie de 34% à 5 ans, risque intermédiaire-haut avec une survie de 7% à 5 ans et risque haut avec tous les malades décédés à 5 ans. Les traitement les plus efficaces et les plus dangereux pouvant être proposés en priorité à cette dernière catégorie pour augmenter la survie
Une maladie fréquente et grave
Avec 50 nouveaux cas pour 100 000 habitant chaque année, le syndrome myélodysplasique est l’un des cancers du sang les plus fréquents chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Sa survie moyenne est de 2 ans et demi et aucune amélioration globale du traitement n’a été observée en dehors de la greffe de moelle depuis plus de 10 ans.
Le traitement médicamenteux actuel du syndrome myélodysplasique n'est le plus souvent pas curatif, mais cherche surtout à compenser l'anémie et les autres symptômes chez les malades les plus fragiles. Quelques médicaments sont disponibles pour certaines formes de la maladie.
Le seul traitement qui offre une chance de guérison ou de survie prolongée est la greffe de moelle, ou "greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques". Malheureusement, cette technique est très lourde et est associée à un risque important de décès et de complications chez ces personnes âgées et fragilisées, ce qui en fait un traitement à réserver uniquement aux malades les plus graves et les plus solides.
Un nouvel outil pour choisir le traitement
L’outil pronostique actuel du syndrome myélodysplasique est basé sur le système international révisé mais sa valeur est limitée par sa complexité et l’absence de prise en compte des mutations génétiques.
Il est donc indispensable de disposer d’un outil précis et fiable pour sélectionner les patients qui pourront bénéficier aux mieux des différents traitements : traitement plutôt symptomatique chez les malades les plus fragiles et les moins à risque, traitement médicamenteux chez les malades à risque intermédiaire en fonction de la génétique et greffe de moelle chez les malades les plus solides avec le risque le plus élevé.
D’après le Dr Tefferi, premier auteur de l’étude : "Le Mayo Alliance Prognostic System for myelodysplastic syndrome est un outil pronostique plus simple et plus moderne qui intègre des informations génétiques et cliniques". "En plus de prendre en charge les informations génétiques, il offre une stratification des malades en fonction du risque cytogénétique, prend en compte les différences de taux d'hémoglobine entre les sexes et utilise un seuil unique pour les pourcentages d'explosion de moelle osseuse."
Ce nouveau système n’est pas une amélioration de l'outil pronostique international actuel, mais plutôt une métamorphose complète".