L’équipe médicale de l’Université du Witwatersrand, à Johannesburg, a attendu un an pour révéler au grand public cette grande première mondiale. Jeudi 4 octobre, un article paru dans la revue AIDS nous apprend qu’à l’automne dernier, un enfant séronégatif malade du foie a subi une greffe d’un genre particulier.
C’est sa mère, porteuse du virus du VIH, qui lui a fait ce don. Séropositive depuis plusieurs années, elle était sous trithérapie et avait donc une charge virale indétectable. Pour sauver la vie de l’enfant, l’équipe médicale n’a eu d’autre choix que de lui greffer une partie du foie de sa mère.
Un risque de transmission du VIH élevé
Selon France Info, l’enfant était dans l’attente d’une greffe de foie depuis 6 mois et voyait son état de santé se détériorer. Hospitalisé à plusieurs reprises, son pronostic vital était à chaque fois engagé. Faute de donneur compatible, la mère de l’enfant a ainsi proposé de lui faire don d’une partie de son foie.
Mais cela n’était pas sans risque. En effet, sans charge virale détectable, une personne séropositive ne peut transmettre le virus à un partenaire sexuel. Mais ce n’est pas le cas d’une greffe d’organe, au cours de laquelle des cellules réservoirs du virus peuvent être transmises au receveur. Mais, même si l’opération présentait des "risques de transmission du VIH pour le receveur", l’équipe médicale a pris la décision de réaliser la greffe en raison des "circonstances exceptionnelles". "Sans greffe, l’enfant serait certainement décédé", a déclaré l’Université du Witwatersrand dans un communiqué.
Face au risque de contamination élevé, l’équipe médicale s’est toutefois attendue au pire. "Dans les semaines qui ont suivi la greffe, nous pensions que l'enfant était séropositif", reconnaît le chirurgien Jean Botha. Un traitement rétroviral a été prescrit à l’enfant avant la greffe et a semble-t-il fonctionné : à ce jour, il ne présente aucun signe d’infection. Il suit toujours un traitement anti-VIH de manière préventive.
De nouveaux donneurs d’organes potentiels
Pour le médecin, le traitement rétroviral "pourrait avoir empêché la contamination par le VIH. Nous ne le saurons de manière définitive qu’avec le temps."
En effet, le risque est que le virus se manifeste dans l’organisme d’ici quelques mois ou années, comme cela avait été le cas en 2014. Née séropositive en 2010, une fillette américaine avait reçu dans les 30 heures qui avaient suivi sa naissance un traitement intensif à base d’antirétroviraux et ce, pendant 18 mois. Les analyses de sang effectuées par la suite n’avaient pas détecté la présence du VIH. Sans parler de guérison – le virus n’ayant pas disparu complètement –, les médecins avaient alors ouvert la piste prometteuse d’un traitement ultra-précoce. Mais en juillet 2014, les chercheurs avaient annoncé que le virus était réapparu chez la petite fille, alors âgée de 4 ans.
Pour les médecins qui ont réalisé la greffe à partir d’un adulte séropositif avec charge virale indétectable, cette "première mondiale" reste néanmoins un succès. Elle offre selon eux de nouvelles perspectives pour les malades qui sont dans l’attente désespérée d’un organe. "Elle présente un nouveau vivier de donneurs vivants qui pourraient permettre de sauver des vies", affirment les chercheurs.