De nouvelles recherches présentées au congrès EASD révèlent que la consommation d'édulcorants peut modifier les types de bactéries présentes dans l'intestin. La régulation des taux de sucre dans le sang (glycémie) en serait altérée.
Des études antérieures sur l'origine du diabète type 2 indiquaient déjà qu'une consommation régulière et élevée de boissons sucrées contenant des édulcorants était liée à un risque accru de développer la maladie, mais le mécanisme sous-jacent de ce phénomène était jusqu’ici inconnu.
Une étude sur le microbiote intestinal
Un groupe de 29 personnes non diabétiques a été recruté pour cette étude. Toutes avaient autour de 30 ans. Quinze participants ont été répartis au hasard pour consommer un placebo, tandis que 14 ont consommé une combinaison d’édulcorants (92 mg de sucralose et 52 mg d'acésulfame-K) équivalant à 1,5 litre de boisson light par jour.
La dose a été administrée sous forme de capsules qui ont été prises trois fois par jour sur une période de deux semaines. Des échantillons de selles ont été prélevés avant et après l’expérience pour déterminer les types et les espèces de micro-organismes présents.
La présence de 11 bactéries intestinales a augmenté
Il apparaît que seulement 2 semaines de consommation d’un édulcorant suffisent à dérégler la flore intestinale et l’organisme. L'étude a révélé que les personnes ayant ingéré les édulcorants présentaient une plus grande variation dans les types de microbes présents dans leurs selles, ainsi qu'une réduction significative de la bactérie Eubacterium cylindroides, en règle générale associée à un bon état de santé.
Les populations d'espèces bactériennes bénéfiques (qui contribuent à la fermentation des aliments) ont également diminué, tandis que la présence de 11 bactéries intestinales a augmenté.
Une mauvaise répartition des bactéries intestinales
De plus, l'équipe de recherche a observé qu’une diminution de la population de la bactérie Butyrivibrio était corrélée à une baisse de la libération de l'hormone GLP-1, aidant à contrôler la glycémie. L'abondance des gènes microbiens impliqués dans le métabolisme de sucres simples comme le saccharose et le glucose a aussi été modifié.
"Chez les sujets sains non diabétiques, deux semaines ont suffi à perturber les bactéries intestinales et à augmenter l'abondance de celles qui sont normalement absentes chez les sujets sains", notent les auteurs de l’étude. Cela prédit "une détérioration de la capacité de l'organisme à réguler le glucose", ajoutent-il. Ils concluent : "nos résultats appuient le concept selon lequel ces édulcorants perturbent la régulation de l'absorption et de l'élimination du glucose, ainsi que l'équilibre des bactéries de l'intestin."
1,6 million de décès
Stricto sensu, un édulcorant est "une substance qui donne une saveur douce". Le miel, le sirop d'érable, l'aspartame, la saccharine, l'acésulfame K, le sucralose ou encore le maltitolen sont. Toutefois, le mot "édulcorant" s'emploie le plus souvent pour désigner des produits chimiques qui donnent une saveur sucrée sans apporter de calories, ou qui donnent une saveur sucrée en apportant moins de calories que le sucre.
En 2014, 8,5% de la population adulte mondiale (18 ans et plus) était diabétique. En 2015, le diabète a été la cause directe de 1,6 million de décès. En France, le diabète touche près de 3,3 millions de personnes, soit 5% de la population (Institut de veille sanitaire ; chiffres de 2015).