A l’encontre des idées reçues. Alors que la plupart des gens sont persuadés que la vitamine D est la solution miracle pour renforcer sa santé des muscles et du squelette, il n’en est rien selon une nouvelle étude néo-zélandaise parue jeudi 4 octobre dans le journal The Lancet Diabetes & Endocrinology.
Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de de l’Université d’Auckland ont menée la méta-analyse la plus importante jamais réalisée sur la vitamine D, sur la base de 81 essais cliniques contrôlés sur le sujet. La majorité de ces études incluaient des femmes de plus de 65 ans recevant des doses journalières de vitamine D de plus de 20 mg.
Aucun bénéfice démontré en l'absence de déficit
Résultat des courses : les compléments n’ont pas d’effets cliniques significatifs sur les fractures et les chutes. Par ailleurs, ils n’améliorent en rien la densité osseuse des adultes, assurent les chercheurs. Et ce, quelque soit la dose administrée aux patients. D’après l’étude, les seuls cas où les compléments sont vraiment utiles sont la prévention des maladies rares de type rachitisme (maladie du squelette) ou ostéomalacie (pathologie osseuse), qui peuvent survenir suite à un manque d’exposition au soleil prolongé.
"Notre méta-analyse prouve que la vitamine D n’empêche pas les fractures, les chutes et n’améliore pas la densité minérale osseuse, que ce soit à petite ou forte dose. Les recommandations cliniques devraient donc être modifiées en prenant en compte cette découverte. Sur la base des preuves existantes, nous croyons qu’il y a peu de raison de mener davantage d’études sur les effets des compléments en vitamine D sur la santé musculo-squelettique", explique l’auteur principal de l’étude, le Docteur Mark J Bolland.
Si les compléments en vitamine D ont longtemps été recommandés aux personnes âgées dans le traitement ou la prévention de l'ostéoporose (perte de la résistance des os), plusieurs récentes études ont montré l'absence d’effet de la vitamine D sur la densité osseuse, les chutes ou les fractures, en l'absence de déficit. Malgré tout, les croyances populaires sont tenaces, comme le notent les chercheurs.
Qu’en est-il des bénéfices extra-squelettique supposés de la vitamine D ?
"De nombreux patients et docteurs ont été persuadés par divers études et les réseaux sociaux que la vitamine D est le remède miracle à tout. Cette pensée est héritée de la mode qui soutenait l’usage général de la vitamine A, de la vitamine C et de la vitamine E il y a quelques années. On a pourtant prouvé plus tard que toutes ces vitamines n’avaient aucun effet (…). Les auteurs de cette étude devraient être félicités pour leur travail énorme sur la santé musculo-squelettique, mais je peux déjà entendre les fervents supporters de la vitamine D demander: "Qu'en est-il des avantages extra-squelettiques de la vitamine D?"", s’interroge Chris Gallagher, du Centre médical de l’Université de Creighton (Omaha, Etats-Unis), en marge de l’étude.
En effet, de nombreux scientifiques croient également aux bénéfices de la vitamine du soleil dans la prévention des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, l’eczéma atopique, la maladie de Crohn ou encore le sida. En avril, une étude menée par des chercheurs américains et sud-coréens, avait également avancé que les personnes souffrant d’une carence en vitamine D avaient plus de risques de développer du diabète que les autres.
Une vaste étude sur 100 000 personnes
"Nous aurons peut-être cette réponse (sur les avantages extra-squelettiques supposés de la vitamine D, NDLR) dans un délai de trois ans, car environ 100 000 participants participent actuellement à des études randomisées et contrôlées par placebo portant sur les compléments en vitamine D. J'ai hâte qu’elles tranchent sur le sujet", conclut Gallagher.
En juin, une étude finlandaise parue dans la revue JAMA Pediatrics avait également remis en cause l’intérêt de tripler les compléments en vitamine D pour renforcer les os des jeunes enfants. Alors que de nombreux médecins recommandent d'augmenter les doses chez les petits, les chercheurs assuraient que cela "n'apporte aucun avantage supplémentaire pour la solidité des os ou pour l'incidence des infections déclarées par les parents au cours des deux premières années de vie".