L’étude pilote a été menée par une équipe de chercheurs associant l’Hôpital universitaire Charité de Berlin, l’Institut de la santé de Berlin (BIH), le Centre Max Delbrück de médecine moléculaire, l’Université Radboud de Nimègue aux Pays-Bas et l’Hôpital universitaire de Bonn. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Scientific Reports.
Des parents lésés, des enfants handicapés
Jusque dans les années 80, les soldats militaires n’étaient pas protégés contre les rayons émis par les tubes amplificateurs de radar. Par conséquent, beaucoup ont été infectés par ces rayons. Plusieurs d’entre eux se sont réunis afin de créer l’"Association pour le soutien des personnes lésées par faisceaux radar" et réclamer un dédommagement.
Certains enfants de ce personnel militaire présente des incapacités physiques dues à l’exposition de leur père. Une réalité qui a suscité l’intérêt des chercheurs qui se sont demandés si les rayonnements avaient entraîné une modification génétique chez les personnes exposées.
Comparaison entre les génomes
"Grâce aux méthodes de séquençage à haut débit les plus récentes, il est désormais possible d'étudier le génome complet des parents et de leurs enfants en peu de temps. Cela nous permet de déterminer les taux de mutation après une exposition à un rayonnement beaucoup plus précisément qu'auparavant", explique le premier auteur de l'étude, Dr. Manuel Holtgrewe.
Pour cela, les chercheurs ont étudié les génomes de douze familles d’opérateurs radar. Ils ont comparé les taux de mutation dans les génomes, à ceux de 28 enfants de parents non-exposés. Leur recherche s’est focalisée sur la mutation de novo, c'est-à-dire du gène apparaissant chez un individu alors qu'aucun des parents ne la possède dans son patrimoine génétique.
Deux enfants sur trois présentent une modification génétique
Résultat : seul un enfant de parents non exposés sur cinq a une mutation de novo contre deux enfants sur trois chez ceux dont l’un des parents a été exposé. Au total, douze de ces dix-huit enfants ont une mutation génétique. Il faut y rajouter deux enfants qui présentent une altération chromosomique entraînant des conséquences cliniques graves.
"Les résultats de notre étude pilote suggèrent qu'une accumulation de certains dommages du génotype par rayonnement peut en principe être démontrée dans la prochaine génération", déclare le professeur Dr. Peter Krawitz de l'hôpital universitaire de Bonn. Les chercheurs ont déjà planifié une nouvelle étude plus large afin de démontrer l’ampleur des accumulations de dommages causés au génotype par les radiations.