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Scandale sanitaire

Androcur : une IRM sera désormais obligatoire avant sa prescription

Par Mathilde Debry

L’ANSM a émis de nouvelles recommandations concernant la prescription de l’Androcur, ce fameux médicament à l'origine de potentielles tumeurs cérébrales.

thomasandreas / istock
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Suite à une étude démontrant les dangers liés à l’Androcur, un médicament à l'origine de potentielles tumeurs cérébrales lorsqu'il est pris de façon prolongée et à hautes doses, l’ANSM a décidé de mieux encadrer son utilisation. Désormais, une imagerie cérébrale par IRM devra être réalisée en début de traitement pour tous les patients. En cas de poursuite de traitement, l’IRM devra être renouvelée à cinq ans, puis, si tout va bien, tous les deux ans.

Un contrôle par IRM

"Il est également demandé aux médecins de contacter leurs patients actuellement traités par Androcur ou génériques pour réévaluer la nécessité de poursuivre leur traitement et envisager un contrôle par IRM si la poursuite du traitement est décidée", précise l’agence de santé. "En cas de découverte de méningiome, le traitement doit être arrêté définitivement. Un avis neurochirurgical est recommandé", ajoute-t-elle.

Par ailleurs, de nouvelles recommandations ont été énoncées. Les indications hors-AMM telles que l’acné, la séborrhée et l’hirsutisme modéré seront désormais à proscrire. L’utilisation de l’Androcur chez l’enfant et la femme ménopausée n’est plus recommandée. La prescription du médicament devra aussi être réévaluée annuellement en tenant compte du rapport bénéfice / risque individuel et de l’évolution des symptômes, et les utilisations prolongées et à fortes doses sont maintenant à bannir.

L’absence d’alternative médicamenteuse

Un numéro vert pour "répondre aux interrogations" des patients traités a aussi été mis en place. "Ce numéro (0 805 04 01 10) est accessible gratuitement du lundi au vendredi de 9h à 19h", indique l'ANSM. Les patients sont par ailleurs invités "à consulter leur médecin, sans urgence, pour discuter de l'intérêt de la poursuite de leur traitement et évaluer la réalisation d'éventuels examens complémentaires".

L’ANSM rappelle toutefois "l’importance de ce traitement et l’absence d’alternative médicamenteuse autorisée pour la prise en charge des patientes présentant un hirsutisme sévère avec un retentissement sur leur vie psycho-affective et sociale". Grâce à l'acharnement de neurochirurgiens, qui ont fait assez tôt le lien entre l’Androcur et l'augmentation du risque de méningiome, une enquête de l'ANSM a révélé que ce médicament multipliait par 7 le risque de méningiome au bout de 6 mois et par 20 au-delà de 5 ans de traitement.

Des prescriptions hors-AMM

Sur son site Internet, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) reconnaît que, depuis 2009, "l’acétate de cyprotérone fait l’objet d’une surveillance particulière suite au signal émis par la France au niveau européen sur le risque d’apparition de méningiome. L’évaluation de ce signal par l’Agence européenne des médicaments (EMA) a conduit à faire figurer ce risque dans la notice du médicament en 2011".

Appartenant à la classe des anti-androgènes stéroïdiens, l'acétate de cyprotérone, le principe actif de l’Androcur, est utilisé normalement pour traiter le cancer de la prostate ou les hirsutismes, un développement extrême de la pilosité, à la dose de 50 mg par jour. Par ailleurs, l'acétate de cyprotérone est indiqué à la dose de 100 mg par jour dans le traitement des paraphilies. L'Androcur et ses génériques sont aussi régulièrement prescrits aux femmes souffrant d’acné rebelle, d’endométriose ou en guise de contraception (en particulier en cas d'hyperandrogénie).