Souvent prescrite pour la première fois à l’adolescence, la pilule contraceptive a la réputation tenace de faire grossir celles qui la prennent. Formes plus généreuses, kilos superflus… Longtemps, on a attribué à ce contraceptif oral nos petites prises de poids. Pourtant, cela tient davantage de la légende que d’une réalité scientifique, affirme un article publié sur BBC Future et repéré par Slate.
Le site britannique donne la parole à Maria Gallo, endocrinologue à l'Ohio State University, principale auteure d’une méta-analyse de 49 études sur la pilule contraceptive, et qui en conclut qu’"aucun effet important n’est manifeste" sur le poids.
"C'est la même raison pour laquelle il existe cette idée que les vaccins peuvent causer des problèmes de santé. Si vous les donnez à une population, vous allez avoir des gens qui ont des problèmes de santé, qu'ils soient liés au vaccin ou non", explique Maria Gallo, qui parle dans ce cas "d’apophénie", c’est-à-dire d’une altération de la perception qui consiste à voir un rapport entre des éléments alors qu’il n’y en a aucun.
Dans le cas de la pilule, l’endocrinologue fait remarquer qu’en moyenne, nous prenons un kilo chaque année à compter de l’âge adulte. Cela signifie donc que ce gain de poids coïncide chez la plupart des femmes avec le moment où elles commencent à utiliser une contraception. Cela peut donc être rassurant pour elles d’attribuer cette prise de poids à leur contraceptif plutôt que de se blâmer parce qu’elles auraient trop mangé.
40% de muscles en moins
Aucune étude scientifique n’a montré que la pilule provoquait une prise de poids, mais des travaux ont démontré qu’elle pouvait modifier la forme et la composition du corps des femmes qui la prennent.
En 2009, une étude menée par Steven Riechman, physiologiste de l'exercice à la Texas A & M University, a mis en lumière le rôle joué par la pilule sur la masse musculaire des femmes. Pendant 10 semaines, le chercheur a fait subir à un groupe d'hommes et de femmes 10 semaines d'entraînement intensif. Les participants ont ensuite été pesés. L’équipe de chercheurs a alors découvert que les femmes qui prenaient la pilule avaient gagné 40% moins de muscles que celles qui n'en prenaient pas.
Plus surprenant encore : les faibles gains musculaires ne se retrouvent pas chez toutes les femmes qui prennent la pilule, mais seulement chez celles qui contiennent un certain type de progestérone. "Nous sommes convaincus que c'est la progestérone qui en est la cause", a déclaré le Pr Riechman. Selon lui, en se disputant les mêmes sites de liaison que le muscle, l'hormone en bloque les signaux, ce qui entraîne un développement moindre.
Plus de graisse stockée et plus de ballonnements
La pilule est aussi soupçonnée de modifier la répartition de la graisse stockée par le corps. Une étude récente a ainsi révélé que les femmes qui prenaient des pilules avec des niveaux élevés d'oestrogène avaient tendance à avoir un corps en forme de poire et davantage de graisse sous-cutanée, mais pas nécessairement plus de graisse en général.
Dernier problème induit par la prise de la pilule que les femmes connaissent bien et confondent parfois avec une prise de poids : les ballonnements. Cette sensation désagréable de gonflement se produit parce que l'œstrogène affecte également la façon dont le corps métabolise l'eau en influençant la production de certaines protéines dans les reins. Résultat : le corps retient plus de liquide, qui s’infiltre ensuite dans les cellules adipeuses et les fait gonfler. Parce que les femmes ont tendance à stocker plus de graisse dans les seins, les hanches et les cuisses, ces zones peuvent se développer davantage.