Voilà qui pourraient changer la vie des 2,3 millions de personnes atteintes d’une sclérose en plaque dans le monde. Des chercheurs suisses ont réussi à mettre au point un traitement efficace pour lutter contre la progression de la maladie sans présenter aucun effet secondaire indésirable, selon une étude parue mercredi 10 octobre dans le journal Science Transnational Medicine.
La sclérose en plaque est une maladie auto-immune qui affecte tout le système nerveux central et apparait le plus souvent autour de 30 ans. Une dysfonction du système immunitaire entraine des lésions qui provoquent alors des perturbations motrices, sensitives et cognitives. A plus ou moins long terme, ces troubles progressent parfois vers un handicap irréversible.
Depuis des années, les scientifiques cherchent une origine infectieuse à cette maladie qui provoquerait un dérèglement du système immunitaire et se mettrait à attaquer les gaines de myéline plutôt que les agents pathogènes. Mais, pour la première fois, les Professeurs Mireia Sospedra et Roland Martin de l’Université du centre de recherche clinique sur la sclérose en plaque de Zurich ont voulu s’intéresser aux cellules immunitaires responsables du processus pathologique.
Celles-ci réagissent à une protéine du nom de GDP-L-fucose synthase, une enzyme formée dans une bactérie fréquemment trouvée dans la flore intestinale des patients atteints de sclérose en plaque. "Nous croyons que les cellules immunitaires sont activées dans l’intestin et migrent ensuite vers le cerveau où elles provoquent une cascade inflammatoire quand elles rencontrent la variante humaine de leur antigène cible", explique Mireia Sospedra.
Une approche radicalement différente des traitements actuellement disponibles
Cette dernière et ses collègues ont donc prélevé du sang à un groupe de volontaires atteints de sclérose en plaque. Ils ont ensuite attaché des fragments d’une protéine immunoactive à la surface des cellules sanguines en laboratoire. Une fois le sang réintroduit dans les vaisseaux des patients, les fragments les ont aidés à rééduquer leur système immunitaire. Et, ce, sans aucun effet secondaire déplorable, contrairement aux traitements actuellement disponibles pour la sclérose en plaque, se félicitent les chercheurs. "Notre approche clinique vise spécifiquement les cellules immunitaires auto-réactives pathologiques", note Mireia Sospedra. Cette approche diffère donc radicalement des autres traitements qui asphyxient tout le système immunitaire.
Ainsi, le microbiote intestinal pourrait jouer un plus grand rôle dans la pathogénicité de la maladie que ce que l’on pensait jusque-là, concluent les chercheurs, qui espèrent, à terme, pouvoir appliquer leurs découvertes au traitement. Car si les traitements existants réussissent à réduire les poussées de la maladie, ils peinent à lutter contre la progression de l’affection. Par ailleurs, les effets secondaires sont très pénibles pour les patients.
Les corticostéroïdes, tels que la prednisone orale et la méthylprednisolone par voie intraveineuse, souvent prescrits pour réduire l'inflammation et réduire la durée des poussées ont tendance à provoquer de l’insomnie, une augmentation de la pression artérielle, de la rétention d’eau ou encore de l’ostéoporose. Quant à l’instauration d’un traitement de fond via des immunomodulateurs qui diminuent de 30% la fréquence des poussées, il est connu pour provoquer un syndrome "pseudo-grippal" pouvant se manifester par des douleurs musculaires, de la fièvre, des frissons et une sensation de faiblesse. Des réactions cutanées interviennent également quelques heures après l’injection durant les trois premiers mois du traitement. Enfin, une atteinte du foie (réversible) arrive parfois mais elle est généralement bénigne.