L’histoire de Didier Keinerknecht est celle d’une longue et douloureuse descente aux enfers. Une histoire qui n’est pas terminée puisqu’il est en cours d’hospitalisation et risque d’être amputé de la jambe gauche après avoir subi le même sort que pour son pied droit il y a deux ans.
Un accident de la route puis un accident au travail
Tout a commencé au début des années 90. Didier Keinerknecht a 18 ans au moment où, à la sortie de son service militaire, il est victime d’un accident de la route sur son cyclo-moteur. Un accident qui lui vaut une blessure au genou droit. Problème, celle-ci guérit mal et lui cause des difficultés pour marcher.
Trois ans plus tard, le calvaire continu. Nouvel accident, au travail cette fois. "Il est tombé dans une ornière et sa mauvaise jambe a pris", se souvient sa mère qui raconte son histoire à l’Est Républicain.
Une opération qui tourne mal
Dans la foulée, Didier se fait opérer mais là encore, ça ne se passe pas comme prévu. Il y a des complications et il se retrouve dans l’incapacité de plier sa jambe droite. Didier ne sort quasiment plus et se met à prendre du poids. Il finit par atteindre la barre des 270 kilos.
En décembre 2016, la situation dégénère et Didier doit subir une amputation de son pied droit. À la suite de cette opération, il intègre l’Institut de réadaptation de Nancy où il reste 6 mois.
Coincé dans la pièce principale de son logement
"Il a alors fallu lui chercher un logement en urgence", raconte sa mère. Finalement, elle finit par lui trouver un appartement au rez-de-chaussée dans la ville de Frouard (Meurthe-et-Moselle).
Problème : dans ce nouvel appartement, Didier est coincé dans la pièce principale. À cause de son obésité, il est incapable de passer les portes de la maison. Impossible pour lui de se rendre aux toilettes, dans sa cuisine, sa salle de bain… Mais aussi impossible pour lui de poursuivre sa rééducation.
Impossible de déménager
Sa mère cherche alors tous les moyens pour lui trouver un logement adapté. Elle en vient jusqu’à écrire à la secrétaire D’État chargée des personnes handicapées. Mais tout cela ne donne aucun résultat. Selon elle, c’est à cause de la curatrice de son fils qui aurait bloqué tout changement d’appartement pour raison financière.
Une explication que ne partage pas l’Union territoriale mutualiste de Lorraine (UTML), employeur de la curatrice depuis partie à la retraite. "Nous ne sommes pas arrivés à créer une relation de confiance avec la mère qui a mis en échec certaines solutions que nous aurions pu mettre en place", répond un responsable de l'UTML.
"Une vingtaine d’asticots dans son pied gauche"
Pendant ce temps, la situation de Didier empire. Celle de son logement, d'abord. "Il y a des cafards. Il y a aussi de la moisissure à certains endroits", raconte Anne-Marie Wechtler, l’infirmière qui vient lui faire des soins aux jambes tous les matins. Celle de son état de santé, d'autre part. "Il a des plaies aux jambes mais on ne peut pas les nettoyer de façon efficace. C’est un cercle infernal. Il a vraiment besoin d’aide. Il est temps que cela bouge", s’indigne-t-elle.
Après avoir alerté sans résultat son médecin traitant et l’hôpital de Nancy cet été, l’infirmière a fini par avoir gain de cause. Didier a été hospitalisé il y a quelques jours dans un état grave. "L’équipe médicale a alors découvert qu’il avait une vingtaine d’asticots dans son pied gauche", explique l’infirmière. Il risque l’amputation.