En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, cette maladie touche plus de 300 millions de personnes dans le monde.
Cette étude, menée par des chercheurs américains des Universités de Pennsylvanie et de Stony Brook et publiée dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), conclut que l’analyse des posts Facebook pourrait permettre d’améliorer le dépistage de la dépression.
Facebook contribue à la dépression
Cependant de précédentes études ont montré que Facebook est à l'origine de la dépression. Une étude de 2014, portant uniquement sur les femmes, établit un lien entre l'activité d'utilisatrices Facebook et le sentiment de solitude. Elle montre qu’une activité croissante et importante sur Facebook serait un marqueur de dépression. Une autre étude, datant de 2017, a démontré que que Facebook incite à la comparaison avec d'autres utilisateurs qui mettent leur vie en scène sous le jour le plus favorable. De quoi entraîner un effritement de l’estime de soi qui produit une forme de mal être.
Des marqueurs de langage associés à la dépression
Facebook serait donc le serpent qui se mord la queue. Responsable de la dépression, ou en tout cas facteur aggravant, il permet aussi, selon cette nouvelle étude, un meilleur dépistage des cas dépressifs.
Les chercheurs ont analysé les données partagées par les utilisateurs consentants au cours des mois qui ont précédé le diagnostic de dépression. Ils ont découvert que leur algorithme pouvait prédire avec précision la dépression future. Pour y parvenir, ils ont mis en évidence un champ lexical de la dépression, qu’ils ont appelé "marqueurs de langage associés à la dépression", par l'emploi de mots tels que "larmes" et "sentiments" ainsi que l’utilisation de pronoms à la première personne tels que "je" et "moi" en font partie.
Trois mois d'avance sur le diagnostic de la dépression
"Ce que les gens écrivent sur les réseaux sociaux et en ligne représentent un aspect de la vie auquel il est très difficile d'accéder en médecine et en recherche", a constaté H. Andrew Schwartz, auteur principal de l'étude. "Il s'agit d'une dimension relativement peu exploitée par rapport aux marqueurs biophysiques de la maladie."
Pour construire l’algorithme permettant de déceler les comportements dépressifs, les scientifiques ont étudié 524 292 données de Facebook. Ils ont déterminé les mots et les phrases les plus utilisés, puis modélisé 200 sujets afin d'explorer les marqueurs de langage associés à la dépression. Enfin, ils ont comparé de quelle manière et à quelle fréquence les participants déprimés les ont utilisés par rapport aux participants témoins. Grâce à cette méthode, les chercheurs ont ainsi pu prédire une dépression future dans les trois mois avant le premier diagnostic de la maladie dans le dossier médical !
"Il y a une perception selon laquelle utiliser les réseaux sociaux n'est pas bon pour la santé mentale mais cela peut s'avérer être un outil important pour diagnostiquer, surveiller et finalement traiter. Les utiliser avec des dossiers cliniques constitue un pas en avant vers l'amélioration de la santé mentale", développe Andrew Schwartz. Les chercheurs souhaitent que les données de Facebook soient par la suite utilisées pour le dépistage de la dépression. "Nous espérons qu'un jour, ces systèmes de dépistage pourront être intégrés aux systèmes de soins", a conclu Johannes Eichstaedt, l’un des auteurs de l’étude.