"Mes vêtements m’étouffent/ je sors pas de chez moi. On a beaucoup parlé de santé mentale ces temps-ci et je sais que je suis pas toute seule là-dedans. Je sais qu’Instagram c’est cool et j’ai l’air de montrer que ça va mais c’est souvent une énorme source de triggers (déclencheurs), et ce surtout parce que je ne contrôle pas tout le temps ce qui m’est présenté". Sur son compte Instagram, la chanteuse Cœur de pirate, jury de la Nouvelle star sur M6, s’est confiée sur la dysmorphophobie corporelle dont elle souffre.
Pour les psychiatres rédacteurs des DSM successifs, la dysmorphophobie est un trouble psychologique caractérisé par une préoccupation ou une obsession excessive concernant un défaut dans l'apparence, fût-ce une imperfection légère réelle (problème de poids, grand nez, rides, acné, cicatrices...), voire délirante. "Ce qui définit la dysmorphie corporelle, c'est le caractère obsédant du défaut physique", précise le Dr Laurent Karila, addictologue.
Un symptôme phobique
Ce syndrome concerne un peu moins de 2% de la population générale et touche les hommes comme les femmes. Les premiers symptômes apparaissent à l'adolescence mais le diagnostic est souvent fait vers la trentaine. Les symptômes sont un profond dégoût de soi, qui conduit a une obsession pour son image.
Chez certains patient, l’exagération des défauts engendre des comportements de repli, voire de phobie sociale. D’autres évitent les miroirs ou passent leur temps à se regarder dedans (idem pour les selfies), se maquillent, s’habillent à l’excès pour dissimuler leur apparence, font des régimes à répétition ou abusent de la chirurgie esthétique.
Par ailleurs, l’anxiété chronique, les attaques de panique et la dépression sont souvent associées à la dysmorphophobie corporelle. "La dysmorphophobie est un symptôme phobique, donc à ranger plutôt du côté des névroses. Mais comme tout symptôme névrotique, selon son intensité et l'importance qu'il prend dans l'équilibre d'une personnalité, il peut prendre la forme d'un symptôme délirant", explique aussi dans l’Express le psychanalyste Pascal Couder.
La Thérapie Cognitive et Comportementale est recommandée
"J’en parle pas souvent (…) Si vous êtes comme moi, c’est important de se déconnecter du média qui pose problème et de se ressourcer pour se préserver", poursuit Cœur de pirate. Et de conclure en anglais : "si quelque chose vous déclenche, reconnaissez vos limites et prenez soin de vous".
Pour surmonter cette affection, la Thérapie Cognitive et Comportementale est recommandée, et peut être éventuellement associée à un traitement antidépresseur. "Comme pour la dépression, le psychiatre ou psychologue travaille sur les distorsions cognitives, c'est-à-dire les schémas de pensée faussés qui induisent chez le patient des comportements toxiques", conclut le Dr Laurent Karila.