"On estime que l'on peut réorienter six millions de malades chaque année en évitant aux patients de passer par le couloir des urgences", affirme Olivier Véran, député La République en marche (LREM) de l'Isère. Face à ce constat, le neurologue a proposé de donner une prime aux hôpitaux qui acceptent de réorienter certains patients qui arrivent aux urgences vers un cabinet de médecine générale.
"On peut donc considérer que l'on paye l'hôpital pour qu'il ne soigne pas lui-même le malade, mais pour qu'il coordonne son parcours de soins. Une rémunération qui pourrait aller de 20 à 60 euros par patient, sachant que ce dernier aura toujours le droit de refuser", poursuit le médecin hospitalier. Soutenue par la ministre de la Santé, sa proposition est au cœur d'un amendement du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui arrive mardi 16 octobre en commission.
Plus de médecin traitant
Pourtant, elle est loin de faire l’unanimité chez les professionnels de santé. "Je n'accepte pas que des politiques, voire un certain nombre de mes collègues médecins culpabilisent les patients", s’indigne le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, de la CGT. Pour lui, cette prime est tout simplement irréaliste. "Quand vous avez un médecin traitant qui vous dit qu'il est débordé et qu'il ne peut vous voir que dans 48 heures, ce n'est pas possible : l'urgence, c'est dans la journée", analyse-t-il.
Autre problème : les déserts médicaux. 8,6 % des patients français de plus de 16 ans n’ont plus de médecin traitant. Selon un rapport remis récemment à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, pas moins de 75 caisses primaires d’Assurance Maladie (CPAM) identifient des difficultés dans ce domaine sur leur territoire.
Désengorger les urgences
Dans sa réforme santé, Emmanuel Macron avait déjà proposé, pour désengorger les urgences, une prise en charge des urgences "non-vitales" jusqu'à 20 heures en ville. "Un passage aux urgences sur cinq relèverait d'une consultation en médecine générale. Il n’est plus possible qu’en situation d’urgence, le patient ne sache pas à qui s’adresser", avait alors argumenté le Président.
En moyenne, 48% des patients – exceptés ceux envoyés ensuite dans les services d'hospitalisation – restent au moins deux heures dans un service d'urgences, dont 19% sont pris en charge rapidement en moins d'ne heure.