En plein Octobre rose, voici une histoire qui devrait redonner espoir aux jeunes femmes se battant contre un cancer et qui nourrissent l’espoir de tomber enceinte une fois guéries. Il s’agit de celle de Madame B., une patiente de 33 ans des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg qui est tombée enceinte grâce à une autogreffe du tissu ovarien après un cancer. Cette opération lui a permis de produire à nouveau des ovocytes pouvant donner lieu à une grossesse spontanée et sans risque de rejet.
"Cette grossesse est importante pour nos patientes, nous, nos collègues, le réseau de lutte contre le cancer", a déclaré à 20 Minutes le biologiste Marius Teletin, du Centre médico-chirurgical obstétrique (CMCO) des hôpitaux de Strasbourg, à Schiltigheim.
Une méthode de préservation de la fertilité
Car la grossesse de cette patiente était au départ largement compromise. Atteinte d’un lymphome T, la jeune femme devait, pour se soigner, subir une chimiothérapie qui l’aurait probablement rendue stérile. Pour qu’elle puisse préserver sa fertilité, les docteurs Olivier Garbin et Olivier Pirrello du CHU de Strasbourg ont donc procédé en septembre 2013 avant son traitement à une préservation de tissu ovarien, qui a été cryoconcervé à -196°C dans de l’azote liquide. "Cette opération consiste à conditionner en petits fragments le cortex ovarien pour le conserver à des températures de froid extrêmes dans de l'azote liquide", indique l’établissement dans un communiqué. En 2014, la jeune femme a reçu une greffe de moelle osseuse qui a conduit à une rémission totale de son lymphome.
En 2016, soit deux ans après sa rémission, Madame B. s’est à nouveau tournée vers les praticiens qui avaient procédé à la préservation du tissu ovarien. L’autogreffe a été réalisée en mai 2017 afin qu’elle puisse envisager une grossesse. Quatre mois plus tard, la jeune femme a retrouvé ses règles et son activité hormonale.
Après deux fécondations in vitro qui n’ont pas abouti, Madame B. est finalement tombée enceinte naturellement, ce dont se réjouissent les praticiens qui l’ont suivie. La naissance de ce bébé pas comme les autres est prévue pour février 2019. "Ça prouve que ça marche. Ça donne de la crédibilité à la technique, car on était un peu vus comme des sorciers au début", constate le Dr Olivier Pirello.
Une centaine de naissances seulement depuis 2004
Si elle n’est pas la première à tomber enceinte suite à une autogreffe de tissu ovarien, Madame B. fait tout de même figure d’exception. En effet, sa grossesse est seulement la 29e constatée en France dans le cadre de ce protocole national de recherche.
Depuis juin 2018, il est possible en France de réaliser des greffes de tissu ovarien hors protocole de recherche. Dans le monde, environ 100 enfants ont pu voir le jour grâce à cette technique, initiée en 2004.