Une carence, même modérée en iode, pendant la grossesse a des conséquences sur les capacités intellectuelles des enfants. Deux études récentes viennent de le confirmer. D’après le suivi de 1000 familles, les conséquences d’un apport insuffisant en iode se traduit des années plus tard par un quotient intellectuel légèrement plus bas et des difficultés dans l’apprentissage de la lecture.
« Les enfants dont les mères étaient carencées en iode pendant leur grossesse avaient trois points de QI en moins à l’âge de 8 ans, par rapport à ceux dont les mères avaient un apport quotidien en iode d’au 150mg », a déclaré le Dr Sarah Bath, co-auteur de l’étude. Et l’âge de 9 ans, les scores de lecture – la compréhension comme la fluidité – étaient aussi inférieurs chez ces enfants. Et plus la carence est importante, plus les notes se dégradent.
Deux-tiers des femmes ont une carence en iode
Certes, l’impact de la carence en iode sur les capacités intellectuelles des enfants est connue depuis bon nombre d’années mais cette étude britannique souligne que les effets sont perceptibles même lorsque la carence est modérée, c’est-à-dire en dessous de 150mg par jour d’apport en sodium. Chez la femme enceinte et la jeune mère qui allaite, les besoins journaliers sont en effet estimés à 200/290 mg. Pour le reste de la population adulte, les besoins sont eux de 150 mg.
Or, en Grande-Bretagne, l’étude parue dans le Lancet met en évidence qu’environ deux-tiers des femmes ont une déficience en iode. En France, la situation est similaire, même si depuis les années 50, l’ajout d’iode dans le sel de table est autorisé. Cette mesure de santé publique a contribué à faire disparaître de l’Hexagone le fameux « crétin des Alpes ». En effet, dans la deuxième moitié du XXe siècle, les habitants des régions de montagne souffraient de sévères carences en iode, à cause d’une alimentation pauvre en produits venus de la mer. Mais, la part des sels iodés parmi les ventes globales de sel de table est en chute. Elle est passée de 40% à près de 30% entre 2005 et 2009. Aux Etats-Unis, 90% de la population consomme du sel iodé.
Alimentation variée, oui, supplémentation, non
C’est pourquoi les femmes enceintes doivent prêter une attention particulière à leur alimentation, et augmenter leur dose de poisson tels que l’aiglefin, le saumon ou encore la morue. Les fruits de mer sont ici très riches en iode, mais pas recommandés à cette période de la vie. Certains aliments tels que le lard, les œufs ou le bacon peuvent aussi permettre d’augmenter sa dose quotidienne. En revanche, certains aliments font barrage au passage de l’iode dans le corps. Il faut donc consommer avec modération les choux, les navets, le soja…
Chez une femme sans facteurs de risque de carence nutritionnelle, une alimentation variée est donc suffisante pour assurer un apport satisfaisant en iode. Les recommandations de la Haute autorité de santé sont claires en la matière : « Il n’y a pas d’argument pour proposer systématiquement une supplémentation en iode en dehors de populations carencées pour lesquelles cette supplémentation est efficace ». Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) prône lui d’aller un peu plus loin en faisant la « promotion des sels iodés et fluorés dans le cadre de la limitation de la consommation de sel ».