Il s’agirait de montrer un peu l’exemple. Le 18 octobre dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a signé une charte en faveur de la vaccination des professionnels de santé avec les sept ordres de santé : sages-femmes, pharmaciens, kinés, médecins, infirmiers, dentistes et podologues.
Cette signature intervient en début de campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière, responsable d’environ 13 000 décès par an en France d’après Santé publique France. "En se faisant vacciner eux même, non seulement les professionnels de santé montrent l’exemple, mais surtout, ils protègent leurs patients", a déclaré la ministre de la Santé, évoquant un "enjeu déontologique".
1 professionnel sur 4 vacciné
En six points, la charte vient réaffirmer l’importance pour les ordres professionnels de s’investir afin d’inciter les professionnels, "relais indispensables de [la] politique vaccinale", à se faire eux-mêmes vacciner. Elle concerne surtout les maladies hautement contagieuses comme la grippe, la coqueluche et la rougeole, pour lesquelles "une couverture vaccinale élevée est indispensable".
En France, seul un professionnel de santé sur quatre (26 %) est vacciné contre la grippe. Un taux très insuffisant, alors que des campagnes sont organisées chaque année dans les établissements (hôpitaux, cliniques, maisons de retraite…). Les raisons avancées sont variées, allant du manque de temps et d’informations à une méfiance généralisée vis-à-vis des vaccins. Ce déficit est particulièrement criant chez les infirmiers et les aides-soignants.
Une obligation légale… toute théorique
Dans son rapport 2018, la Cour des comptes rappelait que les principaux vaccins (hépatite B, grippe, DTP) sont obligatoires chez les professionnels de santé depuis 2005. Un impératif qui n’a jamais été bien suivi dans les faits. Concernant la grippe, l’obligation a même été suspendue par un décret ministériel de 2006, toujours en vigueur... En s’attachant le soutien des organisations professionnelles, Agnès Buzyn, fidèle à sa méthode, a choisi l’incitation plutôt que la contrainte.
En 2016, l’exemple d’une maison de retraite (Ehpad) lyonnaise avait mis en lumière les conséquences potentiellement dramatiques de la grippe. Treize résidents étaient décédés de la maladie en seulement un an. Si le taux de vaccination des professionnels de santé y était conforme, voire légèrement supérieur à la moyenne du secteur (38 % contre 33 %), cet épisode rappelle combien la grippe peut s’avérer dangereuse pour les personnes âgées.