L’école de médecine de Harvard et l’hôpital Brigham and Women associé ont annoncé avoir demandé le retrait de 31 publications scientifiques attribuées au Pr Piero Anversa, un chercheur en cardiologie de stature internationale. Une fraude d’une rare ampleur, rapportée par le site américain StatNews, qui pourrait jeter le discrédit sur tout un pan de recherches visant à régénérer le muscle cardiaque après un infarctus.
Régénérer le myocarde
Les 31 articles mis en cause contiendraient "des données falsifiées ou inventées", ont déclaré Harvard et son hôpital à StatNews. Ce n’est pas la première fois que le Pr Anversa et son équipe font face à des accusations de fraude. Leur laboratoire à Harvard a été fermé en 2015, et une procédure était en cours depuis lors.
Le Pr Piero Anversa est italien mais il a fait l’essentiel de sa carrière aux États-Unis. Il s’est fait connaître dans les années 2000 en annonçant avoir découvert des cellules capable de se multiplier et se transformer en cellules du muscle cardiaque. Ces cellules, baptisés "c-Kit+" (du nom d’un récepteur présent à leur surface), pourraient ainsi régénérer les tissus abîmés du myocarde. En étudiant ce mécanisme, les chercheurs espéraient mettre au point un traitement post-infarctus efficace.
Incertitude chez les chercheurs
Pour l’heure, l’ampleur de la fraude et ses conséquences pour les recherches sur les cellules c-Kit+ de ne sont pas connues. Une fois qu’une institution signale de tels problèmes, les revues scientifiques concernées lancent une investigation qui peut déboucher sur une correction ou une rétractation officielle des articles en cause. Charge ensuite aux autres chercheurs d’en tirer les conséquences.
Une chose est sûre : les annonces du Pr Anversa étaient devenues controversées, au fur et à mesure que les équipes de recherche échouaient à répliquer ses résultats. Aux dernières nouvelles, le potentiel de régénération des cellules c-Kit+ serait, au mieux, anecdotique. Quant aux essais cliniques dérivés de ses travaux – comme l’essai CONCERT-HF sur 144 participants mentionné par le Washington Post –, ils pourraient bien être remis en cause.