Chaque année, la pollution de l'air est responsable de 5,5 millions des 9 millions de décès causés par la pollution, ce qui en fait la principale cause de mortalité par pollution dans le monde.
De nombreuse études ont déjà mis en lumière les effets délétères de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire, notamment celle des enfants, avec des pourcentages d'asthme et d’allergie aux pollens qui grimpent de 20 à 30%. Cette nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’Université de Columbia, à New York, et publiée dans la revue Springer Nature, ne se veut pas plus rassurante. Selon son auteure principale, Stephanie Lovinsky-Desir, les enfants asthmatiques vivant dans des quartiers urbains pollués ont davantage besoin de soins médicaux d’urgence que ceux vivant dans des quartiers épargnés par la pollution atmosphérique.
Des concentrations importantes en polluants
Les chercheurs ont mené leurs travaux de 2008 à 2011 à New York auprès de 190 enfants âgés de 7 et 8 ans. Tous sont asthmatiques ont grandi dans une famille de la classe moyenne dans les quartiers du Bronx, de Brooklyn, du Queens et de Manhattan.
Les jeunes participants à l’étude ont été classés dans deux groupes : ceux vivant dans un quartier présentant un nombre élevé de cas d’asthme, et ceux vivant dans un quartier où les cas d’asthme sont peu élevés. Les chercheurs ont pris soin de s’assurer qu’il n'y avait pas de différence significative entre les revenus du ménage et l'accès aux soins de santé (assurance privée) dont bénéficiaient les familles des participants.
Ils se sont cependant aperçus que ceux qui ont grandi dans des zones où l’asthme était courant vivaient généralement dans des immeubles d’habitation où dans les étages supérieurs. Ils étaient aussi plus susceptibles de vivre dans un quartier surpeuplé et d’être élevés par une mère célibataire.
Les chercheurs ont également évalué les concentrations moyennes annuelles de dioxyde d'azote (NO2), de particules (PM2,5), de carbone élémentaire (CE), d'ozone (O3), de dioxyde de soufre (SO2) d'hiver, avant de se pencher sur les associations entre l'exposition à ces polluants et la recherche de soins urgents pour l'asthme.
Les résultats ont montré que tous les polluants, à l'exception de l’ozone, étaient plus élevés dans les zones présentant un nombre élevé de cas d'asthme que dans les zones où l'asthme était moins fréquent. Par ailleurs, l’équipe de chercheurs s’est aperçue que les enfants vivant dans des quartiers où l'asthme était plus courant et où les niveaux de pollution étaient également plus élevés avaient aussi plus souvent besoin de soins d'urgence. Ils souffrent aussi davantage de sifflements induits par l'exercice.
Tous les enfants sont vulnérables à la pollution
Mais la pollution a touche aussi les enfants asthmatiques de quartiers moins exposés aux polluants, insiste le Dr Stephanie Lovinsky-Desir. Ces derniers ne sont pas moins vulnérables aux effets de la pollution atmosphérique. Ils sont cependant mieux pris en charge. "Dans les quartiers moins pauvres, les enfants exposés à la pollution de l'air sont plus susceptibles de recevoir un traitement d'urgence de l'asthme. Cependant, dans les quartiers plus pauvres, il est probable que d'autres facteurs environnementaux, comme le stress et la violence, aient un effet plus important sur le traitement urgent de l'asthme que la pollution atmosphérique", conclut la chercheuse.